Montréal, 15 avril 2005 • No 153

 

COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER

 

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RÉFÉRENDUM: TOUT UN SAPIN QU'ON ESSAIE
DE PASSER AUX FRANÇAIS!

 

          Au moment où j'écris ces mots, j'écoute déblatérer le Président de la France, M. Jacques Chirac, à l'émission Référendum: en direct avec le président sur TV5. Devant une foule de jeunes citoyens français mal informés – et prêts à se laisser tirer une balle dans le pied –, il a parlé de ses espoirs d'amener toute la population vers l'annihilation de ses libertés (aussi minimes soient-elles). Voici à quoi ça me fait penser: un gourou de secte qui essaie de convaincre ses membres de vivre de meilleurs jours en les conduisant aveuglément à participer à un suicide collectif, mais en protégeant de la mort tous les hauts dirigeants de la secte et l'élite!

          Les intentions de renforcement des politiques étatiques à l'intérieur d'un futur « méga-État » y sont claires: y'a qu'à voir qu'on veut leur faire avaler un texte de constitution comprenant « quatre cent quelque » articles rédigés en termes ultra techniques pour réaliser cela. Et que ce texte, on ne leur distribuera que 15 jours avant le référendum...

          Excusez-moi l'expression, mais c'est un foutu gros sapin qu'on essaie de passer aux Français!

Philippe
Un Québécois voulant se libérer
 

 

GIRONDE DU 14e SIÈCLE: SUR QUELS TEXTES VOUS APPUYEZ-VOUS?

 

          Je lis dans votre journal l'article de Thibaut André du 15 février 2005 qui, dites-vous, « s'intéresse aux éléments de l'histoire qui démontrent les bienfaits de l'exercice des libertés individuelles, ceci afin de promouvoir les idées libérales ».

          Je suis médiéviste, docteur es-lettres (Université ParisI-Sorbonne). Comme chargée de cours, j'ai enseigné pendant 15 ans l'histoire médiévale dans cette même université. Ma spécialité est le culte à saint Jacques (ma thèse a porté sur les « cultes à saint Jacques en France au Moyen Âge ») et il se trouve que je viens de sortir un petit livre de 128 pages intitulé Le Moyen Âge, chez Gisserot à Paris.

          Je suis surprise de lire sous la plume de Thibaut André le mot « moyenâgeux » au lieu de « médiéval ». J'aimerais savoir sur quels textes il s'appuie pour parler de « maintes dérogations accordées à qui un pèlerin en route vers Compostelle, qui un vassal serviable »? À ma connaissance, jamais un pèlerin n'a été dispensé d'impôts et la noblesse n'a jamais été assujettie à l'impôt. Or un vassal est un noble, et sa fonction exige qu'il soit « serviable », c'est-à-dire au service du seigneur.

          Comme aujourd'hui, l'impôt était levé en fonction des besoins, mais pas n'importe comment. Il l'était par le seigneur exerçant le droit de ban, lequel exercice a été éminemment variable au cours des siècles, du roi au prince, du prince au petit seigneur, du petit seigneur au roi quand ce dernier a été en mesure de reprendre en main tout le pouvoir politique dans son royaume.

          Je trouve tout bonnement stupéfiant qu'un grand diplômé se permette aujourd'hui de parler de « l'obscurantisme et la rudesse des méthodes du Moyen Âge ». Pour lui, le Moyen Âge est daté par: « il y a 7 siècles », ce qui nous ramène au XIVe siècle, pourquoi ce siècle et pas l'un des 10 autres de la période? Quant à comparer les procédés financiers aux méthodes « d'une république bananière », là on éclate de rire, avant de pleurer.

          Les expressions « joug anglais », « joug français » signifient quoi? Nous vivons aujourd'hui sous quel « joug »? Je suis étonnée aussi d'apprendre que les « sols pétrolifères » de la Gironde aux 13e-14e siècle aient pu intéresser la Bourgogne, Paris, Reims, Marseille, Gênes et même le Vatican. Quels sont les textes qui en font foi?

          J'arrête là, tout est de la même veine. À chacun son métier. Le secteur financier n'implique aucune formation aux métiers de l'histoire.

          Avec mes meilleures salutations,

Denise Péricard-Méa
chargée de la recherche, Fondation David Parou Saint-Jacques
Éditmestre du site www.saint-jacques.info

 

Réponse de Thibaut André:

Madame,

          En réponse à votre courrier suite à mon article du 15 février dernier, je tiens à vous faire part des réflexions suivantes.

          Si vous avez éventuellement pris la peine de lire l’article jusqu’au bout, vous n’avez visiblement pas jeté un œil aux références bibliographiques en bas de page. J’ai rédigé ce papier d’après le livre Quand les Anglais vendangeaient l’Aquitaine du Girondin Jean-Marc Soyez. Ce dernier renseigne d’ailleurs une abondante bibliographie à la fin de l’ouvrage. On y retrouve entre autres le Livre des Privilèges et le Livre des Coutumes conservés dans les archives municipales de la Ville de Bordeaux.

          Pour ce qui est de l’impôt, vous prétendez qu’il « était, comme aujourd’hui, levé en fonction des besoins, mais pas n’importe comment ». Ici, votre subjectivité, votre méconnaissance de l’économie et votre conception servile de la vie sociale vous induisent en erreur. Lorsque qu’un seigneur levait un impôt, à l’instar d’un gouvernement de nos jours, en fonction de quels besoins le faisait-il? Avait-il une quelconque vision humaniste à réaliser? Non, bien sûr, l’impôt était et demeure une mesure coercitive. Il reste un instrument d’oppression et n’est qu’un transfert de propriété par le vol sous couvert d‘autorité. Je ne fais aucune différence entre la coercition exercée de nos jours et celle exercée au 14e siècle en France ou ailleurs dans la levée de l’impôt. Si l’impôt était levé en fonction des besoins, il l’était en fonction des besoins et surtout des appétits d’une minorité représentant le pouvoir central qui n’avait que le souci d’asseoir son autorité par la force. Comprenez-vous que le thème central du Québécois Libre est la liberté sous-tendant les rapports entre les individus? J’ai un doute à ce sujet.

          La période à laquelle je fais référence s’étend de 1302 à 1337. Je ne trouve aucune mention dans mon article restreignant le Moyen Âge à cette période. Même si je ne suis pas diplômé de la Sorbonne, je suis bien au courant que le Moyen Âge s’étend sur un horizon temporel beaucoup plus large, ce qui me serait difficile de concilier dans un bref article. D’ailleurs, l’intention n’y était pas. Votre accusation est donc non fondée.

          Ma comparaison entre les méthodes de perception de l’impôt et de la gestion des finances au 14e siècle et celles des républiques bananières n’engage que moi. Toutefois, je tiens à insister sur la forte corrélation entre les faits suivants: levée d’impôts, climat de méfiance, financement de la guerre, guerres perturbant (stoppant) le commerce, pauvreté accrue, mortalité élevée et chaos. N’a-t-on pas retrouvé ce même schéma dans des républiques bananières entre autres?

          Vous dites que vous ne comprenez pas la signification de « joug anglais » et « joug français ». Entre 1302 et 1337, l’Aquitaine était sous l’autorité du roi Edouard II (joug anglais). Ensuite, elle tombe sous la tutelle du roi Philippe VI (joug français). Quant au joug actuel sous lequel nous vivons, c’est, à mon sens, celui de la dictature soft que de Tocqueville nous avait prédit.

          En ce qui concerne le pétrole, pour votre gouverne, apprenez que le processus de formation de l’or noir a commencé il y a plusieurs millions d’années par la décomposition d’organismes marins et, dans une moindre mesure, d’organismes terrestres. Le pétrole extrait par Total en Aquitaine (autrefois, Elf Aquitaine) était déjà bien là dans le sous-sol il y a sept siècles. L’utilisation du pétrole de manière industrielle n’a commencé qu’à la fin du 19e siècle. Le seul usage au Moyen Âge que j’ai pu trouvé consistait à immerger des projectiles dans le pétrole et puis à y mettre le feu. Mon article fait référence de manière purement factuelle à la consistance des sols aquitains. Je n’y trouve aucune référence, comme vous le prétendez, à un intérêt de la part de la Bourgogne, Paris, Reims, Gênes et le Vatican.

          Enfin, vous me taxez avec raillerie de « grand diplômé » alors que le tiers de votre courrier est alloué à la présentation de votre curriculum. Vous concluez par un éloquent « À chacun son métier ». Vous attaquez sur des détails sans avoir perçu le sens même du message délivré par l’article (moins d‘intervention étatique = prospérité générale accrue). Votre discours a tout de l’intelligentsia hautaine et suffisante qui croit, à tort, que la connaissance et l’analyse sont concentrées entre les mains des hauts universitaires. 

Thibaut André
 

 

EXASPÉRÉ PAR LA POLITIQUE FRANÇAISE

 

Re.: De droite ou de gauche? Petit test pour vous situer sur l'échiquier politique, le QL, no 152

 

Bonjour,

          J'habite en France et viens de découvrir votre site. Je viens également de faire le test « De droite ou de gauche »? ...bon... je dois être de droite apparemment car je suis, à vrai dire, exaspéré par la politique française qui nous mène à la faillite du pays. J'ai énormément apprécié votre « question de rattrapage », qui me semble encore plus vraie en France, pays où les corporatismes publics étouffent toute réforme, où l'envie de réussite (de toutes sortes) a été totalement annihilée durant ces dernières années.

          J'en souffre d'autant plus car nous avons fuit, avec mes parents, un régime communiste (la Yougoslavie de Tito) et que l'on se retrouve aujourd'hui dans un pays où l'État emploi le tiers des Français et où les libertés individuelles sont petit à petit sournoisement confisquées, sous couvert de « Démocratie ». On a même réussi à faire croire que le nombre des fonctionnaires est gage de bon service public!

          Au nom de l'Égalité, la France a creusé le nombre d'inégalités entre ses citoyens (salaires, retraites du public vs privé, et j'en passe...) tout en étant championne des prélèvements. Aujourd'hui, elle se moque de son pacte de stabilité et malgré son état de faillite, ose se dresser contre la directive Bolkestein sous couvert qu'elle serait un eldorado social. De qui se moque-t-on?

          La France a-t-elle les moyens de ses « ambitions »? NON. Je voyage de par le monde, et la France reste un des très rares pays industrialisés où la réussite est un terme honteux et où il reste préférable de se dire pauvre et malheureux que riche et bien portant! Un des rares pays, où l'on ne parle plus de Devoirs mais uniquement de Droits. Un des rares pays qui oublie que le salarié n'est que salarié d'une entreprise dans laquelle certaines personnes n'ont pas compté leurs heures (35 heures... Oui! ... sur 3 jours!), ni leurs investissements personnels et familiaux pour se voir taxer in fine d'exploiteurs par des personnes qui ne veulent prendre aucun risque de leur coté!

          La France est devenue le pays du nivellement par le bas.

Roy KAR
 

 

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