Montréal, 30 avril 2006 • No 177

 

COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER

 

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QUAND LES SOCIALISMES S'AFFRONTENT...

 
 

          Bonjour Monsieur Lapointe,

          J'ai lu avec intérêt votre article sur la proposition ridicule du Conseil de la Souveraineté. Je suis d'accord avec vous, sauf sur un point: le nationalisme et le collectivisme ne vont pas automatiquement ensemble à mon humble avis. Bien que petit (et j'en conviens) par rapport au national-syndicalisme dont cet olibrius de Gérald Larose est un malheureux exemple, il existe tout de même au Québec un nationalisme non-collectiviste dont les formulations peuvent être conservatrices, néolibérales (comme la mienne) ou libertarienne, comme c'est le cas de certaines de mes connaissances. Dans tous les cas, ces tendances assument que la question culturelle et la question de la liberté individuelle ne font pas partie du même débat.

          Laissez-moi vous dire que le jour où la maudite question nationale est réglée (peu importe la manière dont elle le sera), je serai le premier membre du nouveau Parti conservateur québécois. Mort au protectionnisme, mort au collectivisme, mort à la réglementation, mort à la bureaucratie et vive l'entreprise privée!

          Je vous encourage à aller lire ce bref article, si vous ne l'avez pas encore lu. On y parle d'une petite trousse endoctrinante destinée aux petits Canadiens âgés de quatre ans et plus que l'ancienne ministre fédérale du Patrimoine, Mme Sheila Copps, avait lancée presque 10 ans celle de Gérald Larose. Quand les socialismes s'affrontent, les méthodes se ressemblent souvent!

Benoît Giguère
Montréal
 

 

L'ÉTAT POUR NOUS PROTÉGER CONTRE TOUS LES RISQUES DE LA VIE?

 

          Dans l’édition de février/mars 2006 du magazine The Actuary (distribué aux Fellows de la Society of Actuaries du monde entier), un actuaire publiait l’éditorial suivant: « An Actuarial Vision for Homeland Security and "Societal Risk Management" ».

          En résumé, M. Sim Segal traitait d’une fonction de plus en plus populaire au sein des entreprises privées, celle de « gestionnaire de risque d’entreprise (GRE) ». Il s’agit de gestionnaires des risques pouvant toucher une entreprise, tels les risques de poursuites, de produits/services déficients, de mauvais placements, de mauvaise gouvernance, de fraude, etc. Cette fonction (en anglais, « Chief Risk Officers (CRO) ») semble être de plus en plus populaire, au côté des « Chief Executive Officers (CEO) » et des « Chief Financial Officers (CFO) ».

          Le raisonnement de M. Segal était le suivant: comme la fonction de GRE, souvent occupée par des actuaires, est un succès pour les entreprises privées ayant mise en place une telle position, il serait « visionnaire » de créer des opportunités d’emploi pour les actuaires en mettant sur pied une telle position pour gérer tous les risques de la société dans son ensemble, par le « Societal Risk Management (SRM) ».

          J'ai préparé une réplique à cet éditorial avec la collaboration de M. David Saul Weiner en février dernier. Malheureusement, l'éditeur du magazine The Actuary est toujours en attente, pour publication future, de la réponse de M. Segal à notre réplique. En résumé, nous avons tenté de démontrer à M. Segal que seul le libre marché pouvait offrir à la population les solutions optimales pour la gestion des risques assurables de la vie. La socialisation de la gestion de ces risques ne peut mener qu'à une gestion inefficace (coûts trop élevés et services inadéquats), qu'au gaspillage de ressources limitées, et qu'à l'incapacité d'anticiper les changements et de s'y adapter. De la même manière que le libre marché peut combler nos besoins matériels, celui-ci est le plus à même de combler nos besoins de protection contre les risques assurables de la vie.

          M. Segal, comme tant d’individus, implore la protection de l’État « du berceau jusqu’à la tombe ». Évidemment, nos bons politiciens, si soucieux du « bien commun », sont toujours prêts à nous promettre un monde sans risque, à la seule petite condition – détail si négligeable en comparaison de toute la sécurité supplémentaire apportée – que nous acceptions de perdre notre liberté individuelle de choisir, d’agir en êtres responsables et d’en accepter les conséquences.

          L’État nous offre ainsi sa protection contre les risques de pertes d’emploi, de maladies, de pauvreté, de catastrophes naturelles, de criminalité, de violence, d’assimilation, d’attentats terroristes, etc. De plus, si jamais la population commençait à se sentir trop en sécurité pour accepter docilement de perdre davantage de liberté, l’État peut toujours compter sur ses « peur-ologues » de service. Avec la complicité des médias, ces démagogues se chargent de rappeler à la population à quel point le monde est un endroit dangereux où vivre – quitte à inventer des risques supplémentaires ou à en amplifier leurs probabilités et conséquences potentielles au-delà de tout lien avec la réalité. Les exemples récents incluent le virus du Nil, celui de la grippe aviaire, la « malbouffe », la mondialisation, les armes de destruction massive, le réchauffement de la planète, etc.

          Bien sûr, lorsque l’État échoue lamentablement dans ses tentatives de nous protéger, comme ce fut le cas en Nouvelle-Orléans, il ne faut surtout pas lui en vouloir. Les politiciens et les bureaucrates font de leur mieux – qui pourrait en douter? – et les ressources qui leur sont allouées ne sont jamais suffisantes… Si seulement nous acceptions, par « solidarité », de leur donner davantage de nos biens et de notre liberté, l’État nous protégerait tellement mieux!

          Par contre, à force d’accepter d’échanger notre liberté individuelle pour des promesses de sécurité, nous nous retrouvons sans sécurité, ni liberté. Et l’État protecteur nous fait alors vivre un véritable enfer sur terre. À titre d’exemple, le jour même où l’ouragan Katrina frappait les côtes de la Nouvelle-Orléans, le président de l’État le plus puissant au monde, George W. Bush, aurait déclaré:
 

          For those of you who are concerned about whether or not we're prepared to help, don't be. We are. We're in place. We've got equipment in place, supplies in place. And once the – once we're able to assess the damage, we'll be able to move in and help those good folks in the affected areas.

          Si seulement ça avait été une blague… Après plus de 1 600 morts, des dizaines de milliers de vies brisées, et la poursuite de l’horreur bureaucratique pour les survivants, il n’y a vraiment pas de quoi rire. La machine gouvernementale ne s’est pas contentée d’être incompétente et inutile: en plus, les fonctionnaires et les forces de l’ordre empêchaient les citoyens ordinaires qui voulaient aider de le faire!

          Les habitants de la Nouvelle-Orléans ont été forcés bien malgré eux (et le sont toujours) de subir les conséquences inévitables de la gestion centralisée des risques par l’État. Au Québec, que penser alors de cette récente sortie d'un étatiste aux ressources (heureusement) beaucoup plus limités que celles de George W. Bush, le ministre québécois de la Santé et des Service Sociaux, Philippe Couillard:

          « Grippe aviaire - Québec dévoile son plan d'urgence: Dès l'apparition d'une pandémie de grippe aviaire, Québec mettra en place un système de distribution d'antiviraux et de production de vaccins ainsi qu'un centre de communications qui sera en opération 24 heures par jour. (...) Dans l'éventualité d'une surcharge des hôpitaux, des sites non traditionnels seraient ouverts pour prendre en charge la clientèle dont l'état rendrait impossible le maintien à domicile. »

          Prions pour que ce « plan d'urgence » n'ait jamais à être mis en application.

Patrice Fortin
New York
 

 

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