Montréal, 6 août 2006 • No 187

 

COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER

 

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WAL-MART, PAS PIRE QUE LES AUTRES!

 
 

          J'ai lu votre article « Wal-Mart: l'hypocrisie se poursuit » et j'y trouve beaucoup de bons points. Les gens adorent Wal-Mart. Ils y trouvent ce qu'ils cherchent et cela à bon prix. Cela amène de la concurrence et les gens adorent ça. Je trouverais très dommage que les syndicats entrent dans ces magasins.

          Pour avoir travaillé au Wal-Mart de Saint-Georges de Beauce, je peux vous dire qu'il y avait là-bas une équipe fantastique. On était une belle gang et c'était agréable de travailler. Je trouve que Wal-Mart est bon avec ses employés, même trop bon avec ses mauvais employés (ceux qui rentrent travailler quand ça leur tente et qui ne sont même pas réprimandés pour cela, ceux qui passent leur temps à demander des congés, etc.).

          La chose que je n'aimais pas par contre était le fait que je travaillais à temps partiel alors que la majorité du temps je faisais plus d'heures que les temps plein, sans avoir les avantages sociaux et les conditions de travail des temps plein – je travaillais toutes les fins de semaine et les soirs la semaine. J'ai aimé travailler chez Wal-Mart et je suis partie car je n'aimais pas mon horaire de travail – j'avais 30 minutes de route à faire pour me rendre au travail et le prix de l'essence ne cesse de grimper... Alors un choix s'est imposé.

          Mais je peux vous dire que je m'ennuie de ma gang. Et pour moi, le syndicat ne doit pas entrer chez Wal-Mart. Pour ceux qui ne sont pas contents des conditions de travail, ils n'ont qu'à faire comme moi: aller travailler ailleurs et laisser leur place à ceux à qui cela convient – comme les étudiants et les retraités. Car il y a des gens à qui cela convient parfaitement.

          J'ai aimé mon expérience chez Wal-Mart à Saint-Georges de Beauce. Et si on me proposait d'y retourner, avec des horaires qui me conviennent plus, j'y repenserais très sérieusement. Wal-Mart n'est pas pire que les autres.

Valérie
 

 

LA SANTÉ N'A PAS DE PRIX!

 

          Il y a un an de ça maintenant, je découvrais sur l’éphéméride humoristique fixée à la porte de mon frigidaire cette amusante vignette: dans ce qui semble tenir lieu de pharmacie, une femme s’adresse à ce qui semble être un pharmacien: « La santé n’a pas de prix », revendique-t-elle. « Peut-être, mais les médicaments ne sont pas donnés », fait remarquer l’homme en blouse blanche.

          Ce qui pourrait passer pour un simple jeu de mots est en fait une remarque pleine de bon sens. La santé n’a évidemment pas de prix; mais les moyens nécessaires pour la « garder » ont un coût. Les médicaments ont un coût, les hôpitaux ont un coût, les médecins qui diagnostiquent et opèrent ont un coût (leur salaire), former des personnes à de telles compétences a un coût, etc. Tout cela représente le fruit du travail d’hommes et de femmes qui peuvent légitimement réclamer une contrepartie à leurs efforts. De façon similaire, les altermondialistes clament que « la culture n’est pas une marchandise! » Or si la culture n’est pas une marchandise, et ne peut en être une, elle nécessite néanmoins pour sa réalisation l’usage de marchandises. Pour organiser un spectacle, il faut par exemple disposer d’une salle, de costumes, de machines techniques… et bien sûr de comédiens! Ces comédiens qui voudraient que la culture soit « gratuite », mais qui eux-mêmes tiennent à être rémunérés pour leur prestation!

          La culture et la santé ne sont pas des marchandises, précisément parce qu’elles sont en elles-mêmes des marchés: elles résultent de l’interaction de plusieurs agents qui produisent, échangent, consomment. Et c’est cette interaction qui détermine le prix à payer pour la culture, ou le coût des soins médicaux. En réalité, ce que les altermondialistes attendent, en clamant que la culture n’est pas une marchandise, c’est de bénéficier de subventions illimitées. Seulement, les fonds ne sont pas illimités. L’État ne dispose pas d’un chapeau de magicien d’où jailleraient des millions et des millions chaque fois qu’il en aurait besoin. L’argent que manipule et distribue l’État est en fait celui des contribuables, à qui il l’a prélevé – contribuables qui génèrent eux-mêmes cette richesse par leur travail.

          Bien sûr, on peut souhaiter que tous les processus d’entraide et de solidarité soient mis en oeuvre afin de permettre à ceux qui n’ont pas les moyens d’assumer ces coûts de tout de même profiter des soins médicaux dont ils ont besoin. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’à la base quelqu’un devra toujours payer. Comme le rappelle l’économiste Jean-Louis Caccomo: « Les économistes disent souvent "il n'y a pas de repas gratuit". C'est fondamentalement vrai. Il y a toujours quelqu'un qui paie. Ce que l'on vous donne "gratuitement" provient toujours d'autres personnes qui l'ont produit. » (« Les mensonges de l’État-providence », le QL, no 130).

          Considérer que la santé « n’a pas de prix » ne veut donc pas dire que nous devrions avoir le droit de profiter de soins médicaux sans jamais se soucier de leur coût. Quand le malade dit que la santé n’a pas de prix, il ne dit pas que la santé ne vaut rien, mais au contraire qu’elle vaut tout: la santé n’a pas une valeur nulle mais une valeur infinie, et c’est en ce sens qu’elle ne peut être gratuite. On peut alors décider qu’il faut dépenser sans compter, certes, mais il risque d’arriver un moment où l’on aura épuisé toutes les ressources. Le trou de la sécu atteint aujourd’hui les 15 milliards d'euros…

          Les Français pensent que leur système de santé est l’un des meilleurs au monde, si ce n’est le plus performant. Seulement, si nous tenons vraiment à le préserver, nous ne pouvons pas le plomber d’un déficit de plusieurs milliards d’euros. À force de dépenser, il n’y aura bientôt plus d’argent. Le système que les Français défendent est-il un système où l’on se permet de dépenser sans compter – et sans penser aux conséquences –, ou un système qui assure une sécurité sociale minimale de façon durable? Opter pour le second choix implique de se plier à quelques lois économiques élémentaires, à commencer par une meilleure gestion des organismes de Sécurité sociale, une plus grande transparence, et surtout une responsabilisation des différents acteurs, tant du côté des prestataires que des usagers. Nous devons reconnaître et accepter que les soins médicaux ont un coût, et que nous ne pouvons les consommer comme s'ils étaient gratuits.

Valentin B.
 

 

LES SUBVENTIONS, LE BS DE NOS ARTISTES?

 
 

          Peut-on parler d’une culture en santé au Québec alors que l’industrie du cinéma, de la télé et de bien d’autres secteurs vivent sous respirateur artificiel à coup de subventions et de crédits d’impôts de toutes sortes? Pratiquement toutes les émissions affichent à la fin de leur générique les crédits d’impôts reçus. Par-dessus le marché, nous devons débourser le prix des billets pour assister aux différentes représentations subventionnées par nos propres taxes et impôts. Ne pourrions-nous pas recevoir à notre tour un crédit d’impôt pour encourager ces pseudos industries de la culture? Sur les montants reçus par nos artistes combien sont remboursés? Un simple prêt étudiant doit l’être, lui. Le bien-être social est un mode de vie pour certains Québécois aptes au travail. Les subventions ne seraient-elles pas le BS de nos artistes, de l’industrie de la culture et de bien d’autres industries en fait?

          La productrice Denise Robert n’a pas oublié de remercier le gouvernement du Québec pour son soutien lorsqu’elle et Denys Arcand sont allés chercher leur Oscar pour Les Invasions barbares. Quelle honte! Il serait peut-être temps de passer au sevrage de la mamelle gouvernementale (québécoise et canadienne) pour un bon nombre d’industries, ne pensez-vous pas? Notre situation ressemble à celle des pays de l’Europe de l’Est avant l’effondrement du Mur de Berlin: rien ne peut être fait sans l’appui ou l’accord du gouvernement. Devenez des adultes, messieurs, dames de l’industrie de la culture, et non des quêteux à cravates!

          Des entreprises telles Quebecor-TVA, Astral-Média, Novem, Corus, le Cirque du Soleil, René Angelil et autres entreprises du showbiz bien implantées, ont-elles encore réellement besoin de subventions? Et ne me chantez pas la chanson du « choix de société », ou que nous ne sommes pas assez nombreux comparativement aux Américains pour soutenir cette industrie. À l’époque de la renaissance en Europe, l’une des époques les plus florissantes en art de l’histoire, le moteur principal était le mécénat. Des fonds privés subventionnaient des individus ou des groupes d’individus. Où sont nos mécènes québécois et canadiens?

          À mon sens, les subventions devraient seulement aller à ceux qui débutent. Une fois votre plan d’affaire bien monté et rentable, voler de vos propres ailes mes très chers artistes, producteurs et autres. Et ne venez plus voler dans mes poches. Si vous avez du succès et que vous faites des profits tant mieux! Vous souhaitez faire d’autres projets? Vous avez eu du succès? Vous avez même gagné un Oscar? Alors allez donc cogner là où il y a de l’argent « non public » et faites comme la majorité des gens qui ont besoin d’un prêt en argent: allez à la banque ou trouvez-vous un mécène!

Jean Chouinard
Bromont
 

 

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