Montréal, 10 décembre 2006 • No 205

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

SMIC ET ISF: L'ÉTAU MEURTRIER

 

par Michel de Poncins

 

          Même si ce rapprochement peut sembler hasardeux, on peut affirmer que la population française et son économie se trouvent broyées entre les deux mâchoires d'un étau: le Smic (salaire minimum de croissance) et l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune).

 

          En 1981, il y avait 840 000 smicards. La Direction des études du ministère de l'Emploi en compte aujourd'hui 2 540 000. À ce jour, un salarié sur six est smicard contre un sur dix à la fin des années 80. J’ai écrit dans plusieurs livres que nous serions un jour tous smicards!

          Dominique de Villepin, en bon socialiste, a décidé comme les autres d’augmenter régulièrement le Smic. Le premier juillet 2005, ce fut extravagant: plus 5,5%. Le prétexte est qu’il faut appliquer la loi – prétexte mensonger car ce qu’une loi a fait une autre peut le défaire. Et aussi, bien sûr, est entendue la sempiternelle chanson du pouvoir d’achat: distribuer de l’argent développerait de la demande et créerait des emplois. L’argument est mensonger. D’autant plus qu’avec la mondialisation, une grande partie du pouvoir d’achat distribué va enrichir les travailleurs chinois ou autres travailleurs lointains et que le Smic est un facteur de paupérisation.

          Le Smic, comme toute action socialiste, est cruel malgré de fausses apparences. La cruauté principale vient du chômage induit et de l’écrasement des salaires. Suivant l’OCDE, 5 points de plus de Smic donnent 1 point de plus de chômage. Si le Smic n’avait pas été augmenté régulièrement et au-delà du prix du marché, le chômage serait peut-être aujourd’hui à 5% sans le secours de fausses statistiques.

          Le mécanisme destructeur du Smic est connu: mettant le prix d’un travail au-dessus de la valeur de ce travail pour l’entreprise, il décourage le recrutement. L’employeur éventuel cherche d’autres solutions, soit l’investissement, soit la renonciation au projet, soit la délocalisation. Bien entendu ce sont principalement les moins qualifiés et les plus faibles qui souffrent de ce chômage induit et bien moins les cadres supérieurs.
 

« Le mécanisme destructeur du Smic est connu: mettant le prix d’un travail au-dessus de la valeur de ce travail pour l’entreprise, il décourage le recrutement. L’employeur éventuel cherche d’autres solutions, soit l’investissement, soit la renonciation au projet, soit la délocalisation. »


          Chaque augmentation suscite un nouvel écrasement de la hiérarchie. Les non-smicards sont progressivement rattrapés, ce qui détruit tout encouragement au progrès et explique en partie la progression de la paresse. Les autres salariés s’appauvrissent. En moyenne, les salaires nets ont progressé, en 25 ans, de seulement 16,5% en monnaie constante.

          Inversement, pour cause d’ISF et de droits de succession, les vrais riches, eux, s'en vont à l'étranger et, chaque année, un certain nombre de milliardaires quitte le pays. Or la France a besoin de milliardaires. Une personne très riche dépense de l'argent sur place, engage du personnel, investit et finance des entreprises.

          Le Smic joue aussi son rôle dans cette fuite des grandes fortunes, puisqu’il appauvrit l’économie nationale en suscitant la pauvreté et que finalement les grandes fortunes préfèrent investir à l'étranger comme le montrent la plupart des entreprises du CAC 40.

          Nous avons appris récemment que des patients voulant se faire soigner les dents se rendaient en Tchéquie où, les impôts et les charges sociales étant moins élevées qu'en France, les soins dentaires compliqués sont bien moins chers.

          La situation est parfaitement surréaliste: les milliardaires s'en vont, les industries se délocalisent et bientôt la dentisterie, les jeunes de talents vont travailler aux États-Unis, où pour un simple stage ils sont mieux payés qu'avec le Smic en France. Il reste ici les smicards et la misère du monde…

          L'effet de toutes ces aberrations se lit dans les statistiques: la paupérisation du peuple français s'accentue, suscitant de temps en temps des larmes publiques parfaitement hypocrites de la part des politiciens.
 

 

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