Montréal, 11 février 2007 • No 212

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
ET LE BAL DES CHIMÈRES

 

par Michel de Poncins

 

          « Les scientifiques au chevet de la planète » ou « Le cri d’alarme sans précédent des scientifiques », ce ne sont que deux échantillons des clameurs journalistiques sur le prétendu réchauffement climatique.

 

          Dans cette ambiance survoltée, deux événements tout à fait extraordinaires viennent de se succéder à Paris le vendredi 2 février 2007. C'est d'abord la clôture de la réunion du « Groupe d’experts international sur l’évolution du climat », ou GIEC – « machin » international, censé réfléchir pendant quatre jours sur le réchauffement climatique. Ensuite, simultanément, Jacques Chirac a convoqué la Conférence de Paris pour une gouvernance écologique mondiale. Malgré les apparences, cette date restera un vendredi noir de l’humanité…

          Ces deux événements ont donné lieu aux parlottes interminables, accompagnées des fêtes coutumières, que j'ai dénoncées récemment dans le livre Parlottes et Fêtes, édité chez François-Xavier de Guibert.

          Le réchauffement climatique est une chimère notoire et c'est l'occasion de montrer comment la construction des chimères conduit au pouvoir mondialiste en voie d'établissement, c’est-à-dire au totalitarisme.
 

Une chimère à étages

          La chimère se développe sur plusieurs étages avec l’aide attentive d’un grand nombre de prédateurs, embusqués le long de la « rivière argentée » de l’argent public qui « arrose » les multiples chimères.

          Dans ce cas particulier, le premier étage s'alimente aux peurs ancestrales de l'homme. Elle offre l'avantage d'être globale et d’effrayer des milliards de personnes. « La planète est en danger » et il faut « sauver la planète »: voici le leitmotiv. Des images désolantes de glaciers fondant à vue d’oeil, de vagues déferlant sur les terres, de déserts surchauffés remplissent les écrans.

          Dès ce départ, les premiers prédateurs arrivent. Un célèbre journaliste avait dit qu'il fallait faire gicler « le sang à la une »; les journalistes d’aujourd’hui – qui sont déjà de grands privilégiés bien que leurs privilèges ne soient guère publiés – tirent un large profit de l’exploitation de la peur et inventent les phrases meurtrières. Une photo terrifiante suffit à vendre le magazine.

          Les approximations sont nombreuses. À côté du glacier en déroute, tel autre s’accroît mais il ne sera pas cité. Il y a beaucoup de fraudeurs parmi les scientifiques et il est facile d’accentuer la peur. Le comique flotte aussi dans l’air. Selon le rapport « Planète vivante 2002 », rédigé sous la signature du WWF (Fonds mondial pour la nature), il faudra bientôt deux planètes si on n’arrête pas le gaspillage. Avec de tels arguments, les opposants sont cloués au sol!

          Tout de suite après, s’élève le nouvel étage. Cette « pauvre » planète serait victime d’un réchauffement climatique, sans évidemment que personne ne puisse garantir la véracité des mesures qui sont le résultat d'une foule d'approximations que les scientifiques honnêtes sont bien obligés de signaler. Quand, dans cette perspective, il se produit par hasard un hiver extrêmement froid, comme cela s'est passé aux États-Unis il y a quelques années, les journalistes écrivent sans hésiter: «l'hiver a été le plus terrible que l'on ait connu et ceci malgré le réchauffement de la planète»!

          Pour arriver au résultat recherché, il est facile de donner de discrets coups de pouce à des calculs complexes que peu lisent en entier et comprennent vraiment. Tous les objecteurs sont écartés en se référant à la chimère en voie de formation, qui commence à être respectée comme une vérité absolue.
 

« Le bal des chimères est si lancé que rien n’arrête la sarabande, même pas le ridicule. »


          Des arguments sont vite avancés, comme par exemple un sondage qui montre que 90% des savants seraient d'accord aujourd’hui sur le phénomène et non plus 60% comme avant. Les chimères commencent à s'épauler entre elles. Une majorité n'a jamais fait la vérité mais la chimère démocratique est invoquée pour consolider la chimère du réchauffement climatique (voir aussi « Climat: les modèles ne sont pas tous faux », dans le présent Courrier des lecteurs).

          Un troisième étage se rajoute: ce réchauffement est une catastrophe, ce qui est une contrevérité. Dans le passé, les hommes ont su gérer les changements climatiques. Si la terre se réchauffe, les avantages compenseront les inconvénients et un grand nombre d'endroits, actuellement impropres à la culture, deviendront favorables pour l'agriculture. La Hollande et d’autres pays ont su gérer des rivages incertains. Une observation étonnante vient d’être faite par des Américains. Le prétendu réchauffement de la planète, avec moins de neige en Eurasie, conduit à davantage de poissons en Arabie, sans que personne ne comprenne pourquoi.

          Un quatrième étage se profile en haut de la pyramide en formation: ce réchauffement climatique, devenu par le jeu de la propagande une quasi-certitude, serait attribuable aux activités humaines. Or, le climat a varié de multiples façons depuis des siècles. Au Moyen-Âge, le Groenland était une terre verte et prospère. Une cathédrale y fut bâtie. Avant le réchauffement correspondant à cette verdure, il n’y avait pas de moteurs et, pourtant, le réchauffement a eu lieu.

          Dans ce quatrième étage, on voit poindre non plus des chimères mais des idéologies comme l'hostilité à la prospérité de l'Occident. Les prédateurs sont à ce stade, comme aux autres, embusqués de tous cotés. Les scientifiques ont la part belle; la chimère est devenue tellement solide qu’il n'est pas possible de faire une carrière honorable dans le monde scientifique si l'on ne se rattache pas à ce qui est devenu l’objectif final, à savoir la nécessité de limiter les émissions de CO2. Et puis, comment participer à quatre jours de fêtes à Paris, si on s’oppose à la propagande incessante!?
 

Rien n’arrête la sarabande

          À tous les stades des faux raisonnements, des chimères voisines sont convoquées pour étayer la chimère générale en voie de construction. À propos du réchauffement climatique, est évoqué le « développement durable », expression qui n'a pas de sens précis dans la langue française. Les prédateurs du développement durable sont nombreux et cela commence par les divers ministres en charge qui se retrouvent dans pratiquement tous les gouvernements. L’armée avait nommé, il y a peu, un « Monsieur développement durable »; cela ne s’invente pas!

          Une autre chimère est convoquée: celle qui affirme qu'il faut s'occuper des générations futures. L'on masque avec soin que, pour prétendument s'occuper des générations futures, il faut absolument ruiner les générations présentes, ce qui les empêchera de trouver au jour le jour les solutions aux changements climatiques s’ils existent.

          Le socialisme, qu’il soit national ou planétaire, se caractérisant par la production de phrases idiotes, celles-ci ne manquent pas. Nous avons lu qu’il ne faut pas « trop tirer la chasse d'eau pour préserver la planète ». Nous avons vu à la télévision des jeunes, pourtant l'air éveillés et intelligents, qui disaient réellement avec une foi brûlante qu'éteindre la lumière préservait la planète.

          Le bal des chimères est si lancé que rien n’arrête la sarabande, même pas le ridicule. « Saint » Nicolas Hulot convoque sans pudeur des politiques pour signer un prétendu pacte en vue de créer une super prébende de vice-premier ministre de l’Environnement! Nombre de ces politiques sont venus s’agenouiller à cette « cérémonie »!

          Les stigmates du socialisme se remarquent dans ces événements incroyables: bal des chimères qui s’épaulent entre elles, avidité des prédateurs, adoration de la terre se substituant à Dieu, terrorisme idéologique, haine de l’homme qui serait coupable de tous les malheurs.

          Avec la gouvernance mondiale qu’il souhaite, Chirac demande la création d’une Agence mondiale de l’environnement. L’avidité inévitable de nombreux prédateurs donne toutes ses chances à ce futur instrument du pouvoir totalitaire mondialiste.

          Pour terminer, remarquons modestement que les météorologistes sont incapables de prévoir le temps à huit jours de distance. Les adorateurs fidèles de la secte du prétendu réchauffement ont plus de confort qu’eux car personne ne sera là pour vérifier dans cent ans.

          C’est pour cela que la danse le long de la rivière argentée continue sans entraves, malgré la juste mauvaise volonté de certains très grands pays.
 

 

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