Montréal, 15 novembre 2008 • No 261

 

ANNONCE

 

Jacques de Saint Victor est historien des idées, essayiste et critique littéraire français.

 
 

LE PRIX WIKIBÉRAL 2008 DÉCERNÉ À JACQUES DE SAINT VICTOR

 

          L’association liberaux.org, qui gère de nombreux sites destinés à promouvoir la pensée libérale, décerne chaque année deux prix: l’un pour récompenser la personnalité libérale de l’année (Prix liberaux.org), l’autre, le livre libéral de l’année (Prix Wikibéral).

          C’est le professeur Serge Schweitzer de l’Université d’Aix-Marseille III qui a remporté le premier (voir le QL no 256) alors que le second vient d’être décerné à Jacques de Saint Victor pour son ouvrage Les racines de la liberté – ouvrage dans lequel il traite des origines du discours de la liberté en France, entre 1689 et 1789 et il revient sur les « libertés germaines », invoquées par les partisans d’une monarchie tempérée par des contre-pouvoirs.

          Comme le veut la tradition, liberaux.org a rédigé en son honneur un « Mélange » de textes inédits qui reviennent sur les autres ouvrages sélectionnés de l'auteur et développent les thèmes qui lui sont chers. Nous publions ici l'introduction du Mélange ainsi que la biographie de l'auteur.
 

G.G.
 

 

Introduction

          Les Racines de la liberté: Le débat français oublié, 1689-1789, est un ouvrage rédigé en 2007 par Jacques de Saint Victor, paru à la Librairie Académique Perrin. Jacques de Saint Victor est un historien des idées et critique littéraire. Maître de conférences à Paris VIII, il a entrepris ses recherches historiques après avoir été dix ans journaliste au Figaro Economie. Il est l'auteur de plusieurs livres et collaborations, dont récemment Critiques des nouvelles servitudes (PUF, dirigé par Yves-Charles Zarka).
 

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          D'où vient le « modèle français »? Et si cette synthèse aujourd'hui controversée entre libéralisme et républicanisme puisait ses racines lointaines dans un vieux combat oublié à propos de la liberté des Germains? L'« antique constitution », fondée au Ve siècle par les guerriers de Clovis statuant ensemble sur les affaires communes, serait la preuve d'une « liberté perdue » qu'il faudrait restaurer. Cette référence germanique a déjà inspiré la Glorieuse Révolution anglaise; mais en France, l'affaire prend une autre tournure, déclenchant la première « guerre de mémoire » de notre histoire.

          Jacques de Saint Victor montre que les « libertés » germaniques vont se diffuser largement à partir de 1750, notamment via Montesquieu. Ce discours devient le moyen de sortir de la fameuse « schizophrénie » culturelle de l'Ancien Régime entre exaltation pédagogique des Républiques antiques et soumission à la tradition monarchique. Nourrissant le premier débat « national », il trouve sa consécration en 1788, quand les libertés germaniques deviennent « le patrimoine mythique de la nation tout entière », et précipite la convocation des états généraux.

          La Révolution en décidera autrement. Ce livre permet de mieux comprendre le contenu d'une expression galvaudée: l'exception française.
 

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          L’association liberaux.org, et plus précisément l’un de ses sites, Wikibéral, encyclopédie collaborative en ligne consacrée au libéralisme, a choisi de primer pour 2008 cet ouvrage. En l’honneur de celui-ci et de son auteur, nous vous invitons à découvrir avec ces quelques Mélanges certains aspects ou thèmes abordés au fil des pages des Racines de la liberté.

          Vous noterez que ces Mélanges matérialisent une évidente volonté d’ouverture de notre part. Nous avons ainsi sélectionné, parmi les ouvrages, au moins un qui est manifestement antilibéral, ou à tout le moins extrêmement critique à l’encontre d’un certain libéralisme. Nous avons néanmoins estimé qu’il revêtait suffisamment d’intérêt intellectuel pour que nous nous y arrêtions un instant, et critiquions celui-ci sur le fond.
 

 

Biographie

          Jacques de Saint Victor, né en 1963, est un historien des idées, essayiste et un critique littéraire français.

          Docteur en histoire du droit, Jacques de Saint Victor passe le concours du barreau et exerce comme avocat. Il devient par la suite chroniqueur au Figaro Économie à partir de 1995, puis critique littéraire au Figaro Littéraire depuis 2005. Il est également historien des idées et maître de conférences à l'Université Paris VIII. Il est aussi membre du comité de rédaction de la revue Cités et auteur de plusieurs essais sur l'histoire des idées politiques, les systèmes de droit et la pensée libérale. Il a en particulier écrit Les Racines de la liberté en 2007, qui a reçu le Prix Wikibéral 2008.

 

Les racines de la liberté – Le débat français oublié, 1689-1789

          Dans cet ouvrage, il explore les origines du discours de la liberté en France avant la Révolution française de 1789. La dérive absolutiste du régime monarchique français nourrit des critiques et des solutions alternatives, en particulier parmi la noblesse d'épée, mise à l'écart du pouvoir par les monarques. Ces critiques se nourrissent non à une source mais à deux sources différentes, que l'auteur résume ainsi: « À côté de l’héritage individualiste qui part des droits de l’individu à l’état de nature (Locke) et conduit à l’État libéral du XIXe siècle », on trouve une « tradition divergente, inspirée de l’humanisme civique de la Renaissance (Machiavel, Guichardin, [..] qui se réclame de l’idéal néoromain et surtout du civisme de certaines cités italiennes du Moyen Âge, reposant sur l’autonomie des citoyens par la participation politique à la vie de la cité ».

          Cette critique qui cherche à associer la noblesse à l'exercice du pouvoir s'inspire bien souvent des « libertés germaniques » du Haut Moyen-Âge: Un souverain élu par les guerriers, conforté dans son pouvoir régulièrement et assisté d'assemblées (les champs de mars et de mai).
 

Autres livres


Mafias: l'industrie de la peur, Éditions du Rocher, 2008.
Le Roman de l'Italie insolite, Éditions du Rocher, 2007.
Critique des nouvelles servitudes (participation), PUF, 2007.
Couple interdit, Fayard, 2006.
La Chute des aristocrates (1787-1792), Perrin, 2006.
Madame du Barry, un nom de scandale, Fayard, 2002.
 

Quelques articles


• « Le retour des Murs: une mondialisation fermée? », Cités, Presses Universitaires de France, no 31 2007/3, p. 15-20.
• « Les historiens et la "guerre de mémoires" », Cités, Presses Universitaires de France, no 25 2006/1, p. 192-193.