La jolie farce du lundi de Pentecôte (Version imprimée)
par Michel de Poncins*
Le Québécois Libre, 15 juin 2009, No 268.

Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/09/090615-16.htm


Un nouvel impôt ne meurt jamais et la jolie farce du lundi de Pentecôte nous le confirme une fois de plus. La farce est significative tant cette péripétie montre comment la paupérisation se développe en France de multiples manières par l’action des pouvoirs successifs.

Le lundi de Pentecôte, anciennement férié, ne l’était plus – les Français étant invités à travailler gratuitement ce jour-là pour soi-disant aider les personnes âgées. C’est après la canicule de 2003 et les 16 000 décès dans les maisons de retraite plutôt piteuses que Raffarin avait monté en 2005 cet invraisemblable dispositif. Ce fut un beau charivari. Personne n’était d’accord sur le choix du jour: rien dans le système socialiste ne peut jamais marcher, dès lors que l’on refuse aux gens d’agir dans la liberté.

Le cafouillage fut tel qu’en 2007 l’opération se situait dans des confins incertains où nul ne savait s’il devait travailler ou non et où personne ne connaissait les services qui fonctionneraient ou non.

Au départ, et sur des décennies, se trouve l'effet de ruine résultant de l'action perpétuellement interventionniste des gouvernements de toutes sortes.

L’État, s’occupant abusivement de tous les problèmes au lieu de laisser le marché les régler, détruit la richesse acquise et empêche la richesse nouvelle de se créer. Ce faisant, il génère lui-même son incapacité à résoudre les problèmes qu’il veut abusivement corriger puisqu'en conséquence il n’a jamais d’argent. Au passage, dans l’immense désordre et l’opacité des finances publiques, les élus, fonctionnaires et bien d’autres prélèvent une part croissante de la rivière argentée pour leur avantage personnel.

Parallèlement, et depuis longtemps, des attaques sournoises ont été développées contre la famille. Il en résulte que les familles, dont le devoir et le droit sont de s’occuper de leurs anciens, ne peuvent pas ou ne veulent pas prendre en charge les problèmes de l’âge avancé et que l’idée même de le faire leur a été enlevée – ces familles étant ruinées se déchargent tout naturellement et par réflexe organisé sur l’État, ce qui donne prétexte à encore plus d’interventions.

Depuis que l’homme existe et dans toutes les civilisations, il revient aux personnes privées et aux familles de préparer leur avenir et d’aider leurs anciens à y faire face – ceux-ci continuant d’ailleurs le plus souvent à rendre des services à leur mesure.

Si la France n'était pas un pays étroitement dirigé d’en haut, il n’y aurait pas de difficulté pour la gestion des personnes âgées ni non plus pour leur état de dépendance éventuelle. L'épargne de chacun y pourvoirait avec une foule de possibilités diverses offertes par des assurances librement négociées et le secours de la solidarité familiale.

Cette situation, avec, en conséquence, l'état lamentable d'un très grand nombre d'institutions publiques pour personnes âgées, a conduit au désastre de 2003. Les 35 heures maintenues avec soin par la fausse droite alors au pouvoir n’ont fait que compliquer la gestion. Le pouvoir a inventé alors cette machinerie du lundi de Pentecôte travaillé gratuitement qui a tourné en une vraie farce.

En fait, c’était la résurrection de l’ancienne corvée, dans le cas des salariés qui ont effectivement travaillé le fameux lundi. La ressource dégagée a représenté 2 milliards d'euros, ce qui était une goutte d’eau par rapport au problème, et personne ne pouvant savoir si, véritablement, les personnes âgées en ont bénéficié ou si les sables mouvants de la bureaucratie étatique les ont avalés.

Jamais, vraiment jamais, l’argent récolté par la force pour aider telle ou telle catégorie ne parvient réellement en totalité aux futurs bénéficiaires. L’exemple de la vignette auto l’a illustré jadis d’une façon dramatique. Censée payer la retraite des vieux, elle servait à payer franc pour franc les fêtes que les conseillers généraux s’offraient à eux-mêmes et à leurs amis.

En fait ce fut, pour le lundi, un véritable embrouillamini générant la ruine par les incertitudes multiples: un désordre incomparable s’empara de la France pendant plusieurs jours. Or, la création de richesse est corrélée avec la sécurité des contrats. Et tout désordre génère l’effet de ruine.

Les salariés devaient travailler un jour de plus et comme les firmes étaient susceptibles d’engranger un jour de plus de production, elles versaient un impôt nouveau de 0,3% de la masse salariale lequel s’ajoutait, dans la créativité fiscale, aux nombreux impôts nouveaux habituels. Dans la foulée, les revenus financiers ont été tapés des mêmes 0,3%, quelques-uns comme les agriculteurs échappant à la razzia sans doute pour d’obscures raisons électorales. Le désordre juridique s’est ajouté: personne ne savait exactement qui devait payer le nouvel impôt, comment et sur quelles bases. Un notaire a écrit qu’il ne savait même pas s’il aurait à payer 0,3%!

En 2008, le fameux lundi est redevenu férié et cela fut confirmé récemment pour 2009. La farce est close et le farceur n’est plus premier ministre. De la tragi-comédie, il résulte au moins un bienfait: le personnel des maisons d’accueil des personnes âgées a appris à gérer souvent d’une façon un peu plus humaine. Réjouissons-nous!

Un organisme spécial fut créé à l’époque sous forme d’une caisse nouvelle pour recueillir et distribuer l’argent, ce qui signa la naissance d’un nouveau dinosaure étatique, naissance caressée avec bonheur par ses responsables. Nous avouons ignorer si ce dinosaure a prospéré ou a été supprimé. Nous nous excusons d’être quelque peu pessimiste à ce sujet, car un dinosaure public est immortel!

Il reste l’impôt, dénommé prélèvement, de 0,3% sur la masse salariale qui accroit en passant le vrai gag de la feuille de paie. De même, le « prélèvement » de 0,3% sur les revenus du capital continu.

À eux deux, et à due concurrence, ils génèrent le chômage en chassant les entreprises hors de la France.

Les personnes âgées en souffrent inévitablement plus que les autres, étant par nature plus faibles, et un des principes du socialisme étant que les faibles sont les perpétuelles victimes…

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* Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.