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					| Les voeux publics, une exception française qui coûte cher |  
				
					| Depuis le 1er janvier 2013, le président François Hollande 
					va presque tous les jours visiter une catégorie de la 
					population pour lui présenter ses voeux. Les jeunes, les 
					syndicats, les gendarmes: tout le monde y a droit. Il a 
					depuis belle lurette abandonné le train utilisé seulement 
					pour quelques belles photos et emprunte souvent son 
					magnifique objet volant, ceci à grand renfort de kérosène. 
					C'est l'occasion de lancer des banalités ridicules du genre 
					« La jeunesse est l'avenir ». S'y ajoutent à chaque fois des 
					promesses intenables comme celle de terrasser le chômage 
					avant la fin de l'année, alors qu'il sait bien qu'il ne 
					pourra pas le faire; les médias énamourés dégustent ces 
					promesses.
 
 De voeux et de buffets
 
 Ces voeux du président ne sont que la pointe de l'iceberg 
					des innombrables voeux publics français, véritables 
					scandales générant l'effet de ruine dans toutes les 
					catégories de la population, avec par ricochet le chômage et 
					la pauvreté.
 
 
  Si, 
					depuis le 1er janvier, vous avez essayé de contacter votre 
					député ou votre maire, vous avez constaté qu'il était 
					« in-tou-chable » parce que, justement, il était à la fête. 
					Voeux et ensuite « galettes des rois » se succèdent sans 
					interruption ‒ les galettes des rois ne gênant guère ces 
					fameux républicains dès lors qu'elles sont gouleyantes. 
 Un ministre, naguère, s'est vanté d'avoir invité pour 
					recevoir « ses » voeux 10 000 personnes au total dans 
					« son » ministère, « sa » ville et « sa » présidence de 
					région. Il était présenté avec gourmandise par la presse 
					comme un « pro », tant son adresse était grande dans la 
					préparation et la tenue de ces multiples fêtes.
 
 Dans les fêtes et réceptions publiques, il peut, certes, 
					arriver que les simples contribuables soient invités. Cela 
					fait partie de ce que l'on dénomme « la stratégie des 
					miettes »: les prédateurs publics spéculent sur leur modeste 
					joie pour continuer à les spolier en paix. Il s'agit, 
					d'ailleurs, de « miettes » en bonne et due forme et parfois, 
					on les aperçoit voleter au coin des vestons.
 
 En dehors de ces quelques contribuables invités par erreur, 
					les hommes de l'État se retrouvent entre eux dans ces 
					réceptions de début d'année: le président du Conseil général 
					donne la main au député, qui la transmet au chef 
					syndicaliste. Le président d'association subventionnée la 
					saisit au passage et la repasse au directeur de société 
					d'économie mixte; tiens, voici le sous-préfet qui tend la 
					main au président du Conseil général, terminant ainsi la 
					boucle. La balade des mains se produit entre gens qui vivent 
					tous des impôts. On écoute les discours d'une oreille 
					distraite en lorgnant le buffet.
 
 Certains pourraient se demander si le total des frais 
					occasionnés par ces voeux représente un chiffre assez 
					significatif pour générer la pauvreté dans le corps social. 
					Or le calcul montre qu'en fait les frais occasionnés par les 
					voeux publics en France, lesquels constituent une véritable 
					exception française, représentent à peu près 0,2 % du PIB, 
					ce qui est considérable et tout à fait suffisant pour faire 
					partir des industries et engendrer du chômage et de la 
					pauvreté.
 
 Le calcul
 
 Voici les termes du calcul approximatif.
 
 Il y a d'abord les buffets: pas de voeux réussis sans 
					buffets bien garnis. Pour évaluer le coût des buffets, il 
					faut d'abord savoir combien il y a de « puissances 
					invitantes » suivant la terminologie prétentieuse de ces 
					gens. Bien entendu, au départ, il y a les 40 ministres, 
					chacun offrant ses voeux ici ou là; mais il faut ajouter 
					bien d'autres puissances invitantes comme les dirigeants de 
					l'opposition qui vivent aussi des fonds publics, les 
					dirigeants d'un grand nombre d'assemblées de même que les 
					dirigeants de groupes parlementaires et des hautes autorités 
					administratives. L'évaluation approximative de toute cette 
					population nous amène à 300.
 
 Il faut maintenant ajouter le millefeuille administratif qui 
					pèse si lourdement sur toute la France. Un rapport Balladur 
					avait évalué à 591 unités le millefeuille administratif; 
					nous pouvons arrondir à 600 et nous voilà à un total de 900. 
					Que penser des 36 000 communes? Les communes les plus 
					importantes, les syndicats des communes, et 
					l'intercommunalité nous conduisent probablement à 1000 
					puissances invitantes supplémentaires ce qui nous porte à 
					1900; arrondissons à 2000.
 
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					| « Dans les fêtes et réceptions 
					publiques, il peut, certes, arriver que les simples 
					contribuables soient invités. Cela fait partie de ce que 
					l'on dénomme "la stratégie des miettes": les prédateurs 
					publics spéculent sur leur modeste joie pour continuer à les 
					spolier en paix. » |  
				
					| D'autres éléments doivent être pris en compte. Président et 
					ministres font la fête tous les jours, mais les puissances 
					invitantes de moindre catégorie ne font pas la fête tous les 
					jours: il faut faire une moyenne. Soyons modestes et 
					limitons-nous à quatre fêtes en moyenne par année, ce qui 
					porte le total à 8000 fêtes. Combien de fêtards dans chacune 
					des fêtes? L'on se précipite en général pour être invité et 
					il est vexant dans les provinces de ne pas serrer la louche 
					du préfet à cette occasion. Là aussi nous sommes obligés de 
					prendre des moyennes et nous supposons 200 fêtards par 
					séance. Nous voici avec 1 600 000 fêtards.
 
 Dans notre évaluation à la louche, si l'on peut dire, il 
					reste à savoir à combien nous évaluons la place. Il faut 
					tenir compte non seulement des frais des traiteurs, mais des 
					transports pour amener les fêtards avec souvent des fonds 
					publics et prendre en considération l'amortissement ainsi 
					que l'entretien des fabuleux palais dans lesquels se passent 
					ces multiples fêtes. Nous supposons en moyenne un coût de 
					200 € par place et nous voici à 320 millions d'euros 
					simplement pour le prix des buffets bien garnis.
 
 Le temps
 
 Nous allons surprendre nos lecteurs car nous n'en sommes 
					qu'au début du scandale et encore au sommet de l'iceberg. Un 
					économiste honnête, doublé d'un comptable scrupuleux, doit 
					prendre en compte le temps des fêtards. En effet, faisant 
					preuve pour une fois de gentillesse, nous pensons que ces 
					fêtards sont des personnes de très grand talent même s'ils 
					appartiennent aux branches mortes de la nation et exercent 
					parfois leurs talents d'une façon nuisible.
 
 Au lieu de passer la journée bouche bée devant une puissance 
					invitante dont ils n'ont rien à faire, ils pourraient, avec 
					leurs talents propres, créer de la richesse dans leur 
					domaine de compétence. Nous ne prendrons pas pour 
					l'évaluation de la valeur de ce temps le tarif d'un PDG du 
					CAC 40, ce qui ne voudrait rien dire. Nous prenons seulement 
					2000 € par vacation de fêtard; 2 000 euros multiplié par 1 
					600 000 nous donne 3,2 milliards d'euros.
 
 Avec le coût des buffets nous voici à 3,52 milliards 
					d'euros.
 
 D'autres frais
 
 Nous n'avons pas encore fini, car lorsqu'on détricote les 
					causes du désastre français, on n'est jamais au bout. Une 
					troisième catégorie d'autres frais doit être prise en 
					compte.
 
 Que les lecteurs sceptiques prennent la peine de sortir de 
					chez eux. À la campagne, début janvier, ils reçoivent en 
					pleine figure, par voie d’affiche sur les routes, les voeux 
					du Conseil général dont ils n’ont rien à faire et à Paris, 
					pendant huit jours, les voeux du maire. Il faut voir les 
					dames du quartier remercier avec effusion le maire pour la 
					boîte de chocolat qu'il leur a « offerte » avec l'argent 
					qu'il a ramassé dans toutes les rues, non sans en garder 
					précautionneusement une part pour lui.
 
 Ajouter les cartes de voeux avec frais d'envoi à toute la 
					population, les frais de dessinateurs et de logos, les 
					affiches, les services de communication. Un ministre, 
					naguère, voulant sans doute montrer son attachement aux 
					valeurs de la République, avait envoyé en France et à 
					l'étranger des milliers de cartes de voeux avec des images 
					obscènes mettant en jeu certaines de nos gloires nationales.
 
 Quand l'on voit, dans le journal local, la photo d'un 
					conseiller général venu « offrir » les voeux du Conseil 
					général dans un asile de vieux, il faut bien comprendre de 
					quoi il s'agit. Ce conseiller général reçoit pour cette 
					tâche sympathique une prime, plus ses frais de déplacement, 
					le tout probablement sans impôt. Ne pas oublier le temps des 
					attachés de cabinet chargés de préparer les discours et d'y 
					semer les phrases idiotes habituelles.
 
 Personne n'a intérêt à nous informer sur cette dernière 
					catégorie de frais qui se perd dans le marécage nauséabond 
					de la comptabilité publique. L'on peut imaginer que cela 
					nous conduit à un total général de 4 milliards d'euros soit 
					0,2 % du PIB. Les impôts et charges nécessaires pour 
					financer cette insupportable spécificité française mènent à 
					due concurrence aux délocalisations, au chômage, voire à la 
					pauvreté. Les innombrables fêtards objecteront que nous 
					parlons de gouttes d'eau: objection classique. Mais de 
					multiples gouttes d'eau forment le torrent de la ruine que 
					les prédateurs publics infligent aux autres.
 
 Un diplomate allemand rencontré par hasard il y a quelques 
					années lors d'un mois de janvier avait dit que les voeux 
					publics dans son pays se réduisaient à presque rien, mais 
					avait dû abréger l'entretien pour courir entendre des 
					phrases banales lors d'une cérémonie!
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