15 septembre 2015 • No 334 | Archives | Faites une recherche | Newsletter

 

 

   
OPINION
Entretien avec Francis Pouliot, candidat libertarien
propos recueillis par Simon Leduc


Le mouvement libertarien canadien n’est pas très connu du grand public. C’est le Parti libertarien du Canada qui en est le véhicule politique. Et le candidat de ce parti dans le comté montréalais d’Outremont, Francis Pouliot, a accepté de répondre à mes questions.

Sur le plan professionnel, quel est votre champ d’expertise?

J’ai une maîtrise en politiques publiques du King’s College London et ma formation professionnelle se porte largement sur l’analyse économique et politique. J’ai d’abord travaillé pour l’Institute of Economic Affairs, l’Institut Fraser et l’Institut économique de Montréal, qui sont des centres de recherche économique privés.

En 2014, je me suis joint à l’Ambassade Bitcoin en tant que directeur des affaires publiques. J’ai agi pendant plus d’un an comme lobbyiste afin de contrer toute tentative qui pourrait nuire à l’industrie Bitcoin, comme coordinateur de la communauté Bitcoin locale et comme porte-parole officieux de l’écosystème Bitcoin du Canada. En mai 2015, avec mon partenaire Mathieu Gagnon, j’ai démarré deux entreprises d’échange Bitcoin, Satoshi Counter et Satoshi Portal, toutes deux basées à l’Ambassade Bitcoin, à Montréal.

Vous êtes le candidat du Parti libertarien du Canada dans le comté d’Outremont. Pourquoi avez-vous décidé de défendre les couleurs de ce parti?

J’ai des convictions politiques profondes qui font partie intégrale de ma personnalité. C’est un plaisir et un grand privilège de pouvoir défendre ces convictions, sans aucun compromis, dans un parti politique qui représente mes valeurs à 100%. Lorsque j’ai rencontré son chef, Tim Moen, je me suis vite rendu compte qu’il était le politicien avec lequel j’avais le plus en commun.

Comment êtes-vous devenu libertarien?

C’est l’aboutissement d’un long parcours intellectuel et idéologique. J’ai toujours entretenu la notion romantique que le sens de ma vie était de combattre l’injustice et de défendre les plus faibles. Au fil du temps, je me suis rendu compte que les gouvernements, même ceux démocratiquement élus par une majorité, étaient la source de la violence et de l’oppression. Mes années d’étude et de recherche en politique m’ont graduellement fait perdre toutes les illusions que j’entretenais face aux gouvernements et aux institutions internationales qui, quoique souvent animées de bonnes intentions, finissent inévitablement par causer plus de problèmes qu’ils n’en règlent.

Durant l’été, avant le début de ma maîtrise à Londres, j’ai lu le roman Atlas Shrugged d’Ayn Rand, qui m’a définitivement rendu intellectuellement réceptif aux idées libertariennes. À King’s College London, j’ai eu la chance d’avoir comme professeurs d’éminents libertariens. C’est suite à une étude approfondie des théories de la justice et de la liberté que je suis définitivement devenu libertarien sur le plan intellectuel. Ceci m’a poussé à lire des auteurs comme Friedrich Hayek, Milton Friedman et Ludwig von Mises – qui m’ont ouvert les yeux sur les principes de l’économie de marché. Mon expérience en tant qu’analyste politique et économique a confirmé ce que j’avais étudié en théorie: presque toute implication de l’État dans la société finit par avoir des conséquences négatives inattendues – il suffit de savoir où regarder.

Est-ce que vous avez déjà milité pour le Parti québécois?

Oui! J’ai d’ailleurs travaillé pour la campagne électorale de Jean-Martin Aussant en 2007 et il est éventuellement devenu l’un des politiciens avec lequel j’ai le moins d’affinités. J’étais très séparatiste dans ma jeunesse. Je crois que j’étais plutôt séduit par l’idée qu’un gouvernement devait être très proche de sa population. J’étais convaincu que la langue française finirait par disparaître au Québec. Aujourd’hui, je ne suis plus du tout nationaliste, surtout parce que le mouvement est fortement associé aux valeurs sociales-démocrates.
 

   

« Mes années d’étude et de recherche en politique m’ont graduellement fait perdre toutes les illusions que j’entretenais face aux gouvernements et aux institutions internationales qui, quoique souvent animées de bonnes intentions, finissent inévitablement par causer plus de problèmes qu’ils n’en règlent. »

   


Je suis très heureux d’avoir vécu cette expérience. Le fait d’avoir tellement évolué depuis ma jeunesse renforce mes convictions actuelles. Je suis également heureux que mes parents ne soient jamais intervenus dans mon parcours intellectuel. Mon père est assez libertarien et résolument fédéraliste, mais il a très rarement essayé de me convaincre que j’avais tort. Il n’a fait que me suggérer de lire Atlas Shrugged.

Pourquoi n’avez-vous pas opté pour le Parti conservateur du Canada?

Les conservateurs de Stephen Harper sont très étatistes. J’admets qu’ils ont fait de bons coups sur le plan économique, notamment la signature de nombreux traités de libre-échange. Je les appuie lorsqu’ils parlent de baisses d’impôts, d’entreprenariat et de marché libre. Cependant, sur plusieurs points, je les considère comme un grave obstacle à liberté et la prospérité des Canadiens.

Harper cherche à imposer ses valeurs sociales, s’oppose farouchement à la légalisation d’échanges commerciaux non violents entre adultes consentants (comme l’achat de drogue ou la prostitution), augmente les pouvoirs de l’exécutif, appuie des politiques économiques archaïques de gauche (comme la gestion de l’offre). C’est un militariste qui affaiblit la sécurité de ma génération en créant des ennemis au Moyen-Orient. Finalement, je ne leur pardonnerai jamais d’avoir été à l’origine du ridicule torchon liberticide appelé le projet de loi C-51.

Sur le plan économique, j’encourage modestement les conservateurs. Sur le plan social, j’appuie plus les libéraux. Je suis farouchement opposé au NPD et au Bloc québécois.

Quelles sont les principales politiques que défend le Parti libertarien du Canada?

La réduction des impôts et des taxes et l’élimination des crédits d’impôts, l’élimination complète de plusieurs agences réglementaires (comme le CRTC), la fin de la gestion de l’offre en agriculture, l’élimination totale du rôle du fédéral en santé, le rapatriement de nos forces militaires, la légalisation des drogues, la légalisation de la prostitution, l’élimination de barrières à l’immigration, la protection des droits des détenteurs d’armes à feu, etc. De manière générale, le Parti libertarien du Canada appuie toute initiative qui fait reculer les pouvoirs de l’État.

Comment définissez-vous le libertarianisme?

Pour moi, c’est aussi simple que « vivre et laisser vivre ». Chaque individu est unique et complexe, et nul n’est mieux placé que soi-même pour prendre ses décisions.

D’un point de vue éthique et moral, chaque individu est une fin en soi et ne devrait jamais être considéré comme un moyen pour atteindre une fin. La protection des libertés et les droits fondamentaux devraient être l’ultime principe qui guide l’organisation sociale.

Le libertarianisme peut être résumé par le principe de non-agression: aucun individu ni groupe d’individus n’a le droit d’agresser quelqu’un en portant atteinte à sa personne ou à sa propriété.

Votre père, Adrien Pouliot, est le chef du Parti conservateur du Québec. Est-ce que vous militer pour ce parti?

Oui, je milite pour ce parti. Je considère qu’après le Parti libertarien du Canada, le PCQ est le parti politique qui représente le plus mes valeurs.

Vous êtes l’ancien directeur du recrutement du Prince Arthur Herald, qu’est-ce qui vous a mené à travailler pour le PAH?

Lorsque je suis revenu au Québec après ma maîtrise en Angleterre, j’étais à la recherche de militants politiques qui partageaient mes idées et ma vision. L’équipe du PAH, et particulièrement son fondateur, Alexandre Meterissian, m’a beaucoup impressionné. J’ai grandement apprécié la liberté éditoriale et l’équipe d’auteurs. Ce fût une superbe expérience et je recommande fortement à de jeunes chroniqueurs de considérer écrire pour le Prince Arthur Herald.

Quel est l’objectif du Parti libertarien pour ces élections?


L’objectif du Parti libertarien est clair: augmenter la visibilité et la portée des idées libertariennes. L’obtention d’un siège au Parlement est un objectif secondaire. Avoir notre chef à la Chambre des communes serait un outil formidable pour parvenir à cette fin. Ce n’est pas un parti politique pour politiciens de carrière!

*Entrevue publiée le 4 septembre 2015 sur le site du Prince Arthur Herald.

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Simon Leduc est chroniqueur au Prince Arthur Herald.

   
 
Ama-gi

Première représentation écrite du mot « liberté » en Mésopotamie, environ 2300 av. J.-C.

   


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