Montréal, 28 avril 2001  /  No 82
 
 
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Pierre Desrochers est post-doctoral fellow à la Whiting School of Engineering de l'Université Johns Hopkins à Baltimore. 
 
LE MARCHÉ LIBRE
  
POUR LE DROIT AU TRAVAIL DES ENFANTS
DU TIERS-MONDE
 
par Pierre Desrochers
  
 
          Le travail des enfants dans les économies sous-développées est l'argument massue contre la libéralisation du commerce. S'il est facile, comme le démontre la campagne du Mouvement mondial pour les enfants, de rallier le support de tout un chacun pour une cause aussi noble que le droit des enfants à la « survie et à l'épanouissement, à la protection contre la violence et l'exploitation », il n'en reste pas moins que donner davantage d'argent aux bureaucraties internationales pour qu'elles accouchent de nouvelles conventions, déclarations, pétitions, sommets, discussions, études et campagnes de sensibilisation ne constitue pas une solution valable. Je préfère pour ma part m'en remettre à des acteurs ayant fait leurs preuves pour améliorer de façon considérable le sort de millions de bambins du Tiers-Monde: les entreprises multinationales et leurs sous-traitants.
 
Une constante à travers l'histoire 
  
          L'une des choses qui m'a toujours frappé dans le discours des opposants au travail des enfants, c'est qu'ils semblent s'imaginer que les pauvres petits mèneraient une vie idyllique à la campagne si leurs parents avaient eu le bon sens de ne pas migrer vers les bidonvilles. L'ennui, c'est que le travail des enfants a toujours été généralisé en milieu rural et que, là comme ailleurs, certains parents et employeurs y ont un comportement répréhensible. 

          Quoi qu'il en soit, l'alternative à l'assemblage d'espadrilles ou la confection de ballons de soccer n'est pas l'école publique, mais la manipulation du fumier, le ramassage du bois et le transport de l'eau, des occupations qui sont le plus souvent non rémunérées. Le travail en usine par contre est garant d'un salaire régulier qui hausse de façon notable le niveau de vie familial. 
  
          Ce qui est également indéniable, c'est que les enfants travaillant dans des industries dont l'essentiel de la production est exportée ne constitue au plus que 5% de la main-d'oeuvre infantile dans les économies du Tiers-Monde et que leurs salaires et leurs conditions de travail sont nettement supérieurs à ceux qui sont offerts dans les entreprises des économies sous-développées ne servant que leur marché domestique. 

          Comme je n'ai aucune raison de croire que les parents pauvres des économies sous-développées n'aiment pas leurs enfants, il me semble logique de croire que l'exode rural et le travail dans des entreprises exportatrices sont la conséquence d'actions de gens voulant offrir les meilleures conditions de vie possibles à leurs enfants. 
 

  
     « N'en déplaise aux casseurs de la Vieille Capitale, la libéralisation du commerce international est la seule solution réaliste pour améliorer les conditions de vie dans les économies sous-développées. » 
 
  
          Nombre de bien-pensants se croient toutefois plus intelligents et mieux intentionnés que les parents de ces enfants (du moins pour ceux qui en ont) et n'ont de cesse de vouloir les libérer du fardeau de l'oppression capitaliste. C'est ainsi qu'en 1993, certains fabricants de vêtements bengalis qui vendaient l'essentiel de leur production à Wal-Mart furent mis au banc des accusés parce qu'ils employaient des enfants dans leurs usines. Le sénateur démocrate Tom Harkin mit alors en branle l'appareil législatif américain pour bannir l'importation de vêtements de tous les pays où l'on emploie de la main-d'oeuvre juvénile.  

          Les entreprises du Bangladesh ne tardèrent évidemment pas à mettre tous ces enfants à la porte – plus de 30 000. Les petits ne retournèrent toutefois pas à l'école, car comme le constatèrent des observateurs d'Oxfam – que l'on ne peut certes pas accuser d'être un agent du capital international – ces enfants durent dans le meilleur des cas accepter des emplois moins rémunérateurs et plus dangereux, tandis que plusieurs autres se retrouvèrent à la rue où la majorité vit de la prostitution.  

          Le même scénario se répète d'ailleurs à chaque fois que l'on veut interdire le travail des enfants dans les économies sous-développées, ce qui a amené les porte-parole de bastions du socialisme tels qu'Oxfam, l'Unicef, Save the Children et l'économiste gauchiste Paul Krugman à ne plus prendre position contre le travail des enfants, bien qu'ils souhaitent évidemment de nouvelles réglementations gouvernementales pour prévenir les abus. Ce ne sont toutefois pas de nouvelles réglementations qui leur assureront un meilleur niveau de vie, mais une demande accrue pour leurs produits. 
  
La seule solution durable: la libéralisation du commerce 
  
          Le travail des enfants a toujours été généralisé. Ce n'est que le libre marché et l'accumulation de capital productif qui l'ont fait disparaître de nos économies avancées il y a à peine plus de quelques décennies. Blâmer la mondialisation pour la pauvreté du Tiers-Monde ou l'existence de traditions millénaires d'esclavage ou d'abus des enfants n'a aucun sens. N'en déplaise aux casseurs de la Vieille Capitale, la libéralisation du commerce international est la seule solution réaliste pour améliorer les conditions de vie dans les économies sous-développées. 

          La meilleure façon d'utiliser votre argent pour améliorer le sort des enfants du Tiers-Monde, chers lecteurs, n'est pas d'engraisser encore une fois la bureaucratie onusienne et l'industrie de la pauvreté internationale, mais bien plutôt d'acheter le plus grand nombre possible de produits manufacturés en provenance d'économies sous-développées. 
  
   
Note: Pour ceux que la chose intéresse, mon salaire annuel est comparable à celui d'un professeur au secondaire en début de carrière et je suis très reconnaissant de vivre au milieu de l'économie la plus productive au monde.
 
Références supplémentaires:
1) Helping not hurting children: an alternative approach to child labour, British Department for International Development, November 1999.
2) CHILD LABOR: a debate brief, Debate Information Center, 1998.
3) William Anderson, « Kathie Lee's Children », The Free Market, September 1996, Volume 14, Number 9.
 
 
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