Montréal, 7 décembre 2002  /  No 115  
 
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COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER
 
DÉSAFFECTION POLITIQUE 
ET DÉMOCRATIE
 
 
Re: CORRUPTION POLITIQUE: LE PROBLÈME, C'EST LA DÉMOCRATIE, le QL, no 101 
 
Bonjour, 
   
          Je viens de lire avec intérêt le texte porté en référence. 
  
          Je me permets de vous inviter à visiter mon site à caractère civique: Blanc, c'est exprimé (www.blanccestexprime.asso.fr). 
   
          Merci de vos commentaires. 
  
          Cordialement, 
  
Gérard GAUTIER
Saint-Brieuc, France
 
 
Réponse de Martin Masse: 
  
Monsieur Gauthier,  
  
          J'avais déjà entendu parler de votre association. En lisant les textes sur votre site je constate que nous partageons un certain nombre de préoccupations concernant les impasses du jeu politique, mais notre approche et les solutions que nous proposons sont tout à fait différentes des vôtres. 
  
          Vous cherchez à récupérer la désaffection d'une partie importante de la population qui ne s'intéresse plus à la politique, qui vote pour des parties extrémistes ou ne vote plus, en les exhortant à voter blanc dans une « démarche civique » qui envoie un message aux politiciens. Vous écrivez que « la liberté se mérite », vous mettez l'accent sur les devoirs et la responsabilité des citoyens, en espérant qu'une plus grande implication de ceux-ci dans la vie politique aura des effets positifs. En bref, pour vous, si je comprends bien, une démocratie qui fonctionnerait mieux reflèterait les volontés de l'électorat. 
  
          Notre but est tout à fait contraire: nous souhaitons délégitimer un système par lequel une clique s'approprie le contrôle de l'État et se permet de gérer notre vie dans ses moindres détails en nous soutirant la moitié de notre revenu. La démocratie est bien sûr préférable aux régimes tyranniques où les droits individuels sont complètement bafoués, mais elle reste un système collectiviste, un système de plus en plus pervers depuis que la protection des droits individuels n'est devenue qu'une valeur parmi d'autres dans les « projets de société » qu'on nous propose. Toutes les formes de tyrannie se justifient aujourd'hui semble-t-il, dans la mesure où les politiciens ont obtenu un « mandat démocratique » – c'est-à-dire le vote des groupes de parasites qu'ils favorisent et entretiennent – pour les mettre en vigueur. 
  
          Prendre des décisions en groupe, imposer les choix d'une majorité simple ou même absolue à tous, est une façon de faire collectiviste, et donc immorale. Comme libertariens, nous souhaitons privatiser ce système, remettre le pouvoir dans les mains des individus et leur permettre de faire ces choix individuellement, dans un système fondé sur la propriété privée et le libre marché. Nous n'avons pas à décider collectivement de « l'avenir de notre système de santé », pas plus que de « l'avenir de notre système de production et de distribution de carottes ». Tous ces « débats de société » qui remplissent les pages des journaux n'existent que parce que des pans entiers de l'économie ont été étatisés. Privatisons-les et il n'y aura plus rien à débattre, chacun décidera pour lui-même dans un marché libre. Nous n'aurons plus besoin de la démocratie, c'est-à-dire d'un système de prise de décision collective. Chacun pourra s'occuper de ses affaires et nous pourrons cesser de nous intéresser aux constantes réformes que les politiciens et bureaucrates concoctent constamment en notre nom. 
  
          Je ne suis ni pour ni contre le vote blanc. Certains libertariens le défendent comme moyen d'exprimer un rejet de toute la classe politique. Bref, on peut voter blanc pour renforcer la démocratie ou pour contester le système politique. D'une façon ou d'une autre, je ne vois pas quel impact cela pourrait avoir sur la classe politique. Ces tactiques n'auront aucun effet à moins qu'il n'y ait concurremment, comme je l'écrivais dans l'article auquel vous référez, « une révolte idéologique et politique contre la logique démocratique ». Une révolte suffisamment forte pour offrir une alternative aux système actuel qui craque de toute part. 
  
          Cordialement, 
  
M. M. 
  
 
 
 
TAUX D'HOMICIDE ET DISPONIBILITÉ DES ARMES
 
 
Re.: LES LIBÉRAUX DOIVENT DÉFENDRE LE DROIT DE PORTER DES ARMES, le QL, no 97 
 
          Le port d'arme est la première cause de meurtres commis par des enfants ou des adolescents aux États-Unis car il permet l'accessibilité de celles-ci – sans quoi les jeunes ne pourraient accéder à des armes aussi facilement qu'en fouillant dans la chambre de leurs parents. 
  
          Le nombres de meurtres commis aux États-Unis par armes à feu est d'environ (estimer à la baisse) 10 000 par année. Au Canada, il est d'environ 150. Calculez et vous verrez que le nombre de meurtres aux États-Unis est environ 10 fois supérieur... 
 
          Bien à vous, 
  
Mathieu Bujold
  
 
Réponse de Claire Joly: 
  
Monsieur Bujold,  
 
          Rappelons d'abord qu'il faut se garder de conclure à un lien de cause à effet en se basant sur une simple comparaison de statistiques. 
  
          Il est vrai que le taux national d’homicide des États-Unis est environ 3 fois supérieur à celui du Canada (2000), et que la proportion des meurtres commis avec des armes à feu est beaucoup plus élevée chez nos voisins du sud. Mais la disponibilité des armes explique-t-elle réellement la disparité des taux entre les deux pays? 
  
          Il existe à ma connaissance deux études sérieuses sur la question: celle de Brandon Centerwall (American Journal of Epidemiology, 1991) et celle de Marc Ouimet de l'Université de Montréal (Criminologie, 1993). Les taux nationaux d’homicide occultent d’énormes disparités régionales. Les chercheurs ont donc comparé les provinces canadiennes avec les États américains limitrophes dans le but de vérifier si la disponibilité des armes, en particulier des armes de poing, avait une incidence néfaste sur les taux d’homicide. Leurs analyses n’ont pas trouvé les corrélations attendues. 
  
          Beaucoup de faits jettent aussi le discrédit sur l'hypothèse que la disponibilité des armes justifie le taux élevé d'homicide de nos voisins. Même en retranchant les meurtres par balle du taux américain, celui-ci reste légèrement supérieur au taux canadien d'homicide toutes méthodes meurtrières confondues. Avec ou sans armes à feu, on tue davantage aux États-Unis. 
  
          Autre statistique intéressante, pour ne mentionner que celle-là: le taux national d'homicide des États-Unis a diminué de 40% entre 1990 et 2000, pour atteindre son niveau le plus bas depuis 1965. (Le nombre d'homicides commis par les 14-17 ans a suivi cette forte tendance à la baisse à partir de 1993, après que le taux eut explosé au milieu des années 1980 avec le phénomène des gangs de rue. Quant au taux d’homicide des enfants de moins de 14 ans, il est très faible et est resté stable depuis 20 ans.) Pourtant, au même moment, le Bureau of Alcohol, Tobacco and Firearms (BATF) estimait que le nombre d'armes en circulation aux États-Unis ne cessait d’augmenter. Surtout, une vingtaine d’États libéralisaient le port d’arme dissimulé! 
  
          C'est illustrer à quel point la disponibilité des armes n'a pas l’incidence néfaste sur les taux d'homicide qu’on lui prête généralement. On le constate aussi en regardant des pays comme la Suisse, où le taux d'homicide est très bas et où les armes à feu sont aussi répandues qu'aux États-Unis. 
  
          Bien à vous, 
  
C. J. 
 
 
 
 
FAUSSES ASSERTIONS
  
  
          J'ai pris connaissance d'un article d'Hervé Duray me concernant publié dans Le Québécois libre (JEUX VIDÉOS: LA LIBERTÉ EST-ELLE MENACÉE, no 114). Si je reconnais bien volontiers le droit à la « liberté d'expression », qui semble l'objet de votre site, en revanche, il me semble que vous devriez être plus prudents au niveau de certaines assertions figurant dans vos papiers, notamment quand celles-ci, sous couvert de pseudo analyses à dimension « anti-étatiques », se résument en fait à des attaques contre des personnes censées représenter les 
institutions que vous voulez « démolir »... 
  
          Outre le fait que je ne suis absolument pas « sociologue au CNRS » (on comprend néanmoins l'intérêt qu'il peut y avoir par rapport à la démarche de l'article à « stigmatiser » ainsi une institution « étatique », « connue »...), je n'apprécie guère que les propos publiés dans Le Monde Interactif, présentant sommairement certaines conclusions de mes travaux de recherche, soit assimilés à « une traque idéologique » et à une « parananoïa anti-libérale ». Bien entendu, mon positionnement ne s'apparente, de surcroît, nullement à une volonté de « censure » de certains produits, ni à un appel à la création « d'une commission gouvernementale »« La société, représentée par l'État, doit garantir la pureté idéologique des produits culturels à destination des enfants (sic) ». L'assimilation ici effectuée relève, au choix, du contresens, de la malhonnêteté intellectuelle, ou encore du pur fantasme... 
  
          Je pense, en outre, qu'à partir du moment où vous vous intéressez au travail d'un universitaire, il conviendrait que vous vous référiez plus précisément à ses publications scientifiques et ne pas uniquement vous contenter d'une interprétation – spécieuse dans le cas qui nous concerne – d'une interview publiée dans la presse. 
  
Laurent Trémel
chercheur à l'INRP
 
 
 
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