Montréal, 15 février 2003  /  No 119  
 
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André Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à Montréal.
 
ÉTHIQUE LIBERTARIENNE
 
L'ABSURDITÉ DES DONNÉES OFFICIELLES
SUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE
 
par André Dorais
  
  
          La plupart des économistes croient que la croissance d'un pays ou d'une région est mesurable par le produit intérieur brut. Le PIB est censé indiquer la valeur des services et des biens de consommation pour une période donnée. Selon eux, plus vous consommez biens et services, plus vous contribuez à la croissance. Cette façon de voir est tellement tordue qu'il m'est difficile de comprendre comment elle peut être aussi répandue. Ci-après, je vais indiquer les principales lacunes du concept de PIB tout en soulignant les conséquences néfastes de son utilisation.
 
Personne ne s'enrichit à dépenser son argent 
  
          Si ce sous-titre vous apparaît évident, alors pourquoi écouter les économistes lorsqu'ils disent qu'une augmentation de la consommation signifie une croissance économique? Le PIB peut être divisé en deux parties principales, soit les dépenses que vous effectuez par vous-mêmes et les dépenses qui sont effectuées pour vous. Dans ce dernier cas, je ne fais pas allusion à votre mari ou votre femme, mais à votre gouvernement. Celui-ci prétend savoir mieux que vous comment dépenser votre argent. Et plus il le dépense, plus il tente de vous faire croire que vous vous enrichissez! 
  
          Cet indice est trompeur pour plusieurs raisons. Dans le meilleur des cas, il indique que les individus et les gouvernements dépensent beaucoup d'argent dans le but de consommer. Or, il est peut-être vrai qu'une grande capacité à consommer signale une richesse relative, mais lorsque, d'une part, la consommation est plus grande que la production et d'autre part, que l'argent épargné perd de son pouvoir d'achat, il en résulte moins de richesse à venir, donc croissance de la pauvreté. Malgré cela, pour les économistes de l'État, une augmentation du PIB indique une croissance de la richesse. Autrement dit, le PIB peut croître en même temps que la pauvreté. 
  
          Dites-moi comment, à construire des musées de l'humour, de Grandes bibliothèques et des stades en tout genre, peut-on prétendre s'enrichir? Jamais ces projets ne sont rentabilisés et pis encore, l'intention n'y est même pas. Donc, de quel droit politiciens et économistes peuvent-ils parler d'« investissement »? On investit son argent dans un projet lorsqu'on croit qu'on recevra davantage dans l'avenir. 
  
          Les politiciens et groupes de pression, qui demandent à vivre de l'argent des autres, donnent une définition plus large de l'investissement, à tel point que ce concept en vient à désigner le contraire de ce qu'il signifiait à l'origine. Ils invoquent toutes les justifications du monde pour dire qu'il s'agit d'un investissement. Par exemple, lorsque le gouvernement finance la construction de musées ou achète de nouveaux livres pour fournir les bibliothèques publiques, ils parlent d'investissement dans la culture; lorsqu'il a à réparer les conduites d'eau souterraine, ils invoquent encore l'investissement, etc. Or, tout investissement gouvernemental est nécessairement une dépense de consommation, car il s'agit de biens et services choisis par d'autres que celui qui paye. Ce ne veut pas dire que la culture ou les conduites d'eau sont sans importance, mais plutôt que cela n'a pas la même importance pour tout le monde. 
  
          Un gouvernement ne peut prétendre investir pour tout le monde, à moins d'être dictateur. Seul l'investissement volontaire contribue à l'enrichissement d'une société et seul l'investissement volontaire peut être qualifié de la sorte, car seul il est juste. 
  
L'ignorance tue 
  
          Les politiciens utilisent comme prétexte que ce n'est pas tout le monde qui a la capacité de prévoir son avenir, donc qu'il leur revient d'investir pour nous. Autrement dit, ils disent que la population dans son ensemble est stupide et qu'avec leur aide elle le devient moins. Leur aide est évidemment imposée, car ils savent ce qui est bon pour nous. La social-démocratie n'est rien d'autre que la dictature du bien et en tant que telle, elle a une fin inévitable. Si le communisme soviétique a pris 70 ans pour s'écrouler, combien de temps durera la social-démocratie? Le double? Le triple? On a déjà 80 ans de fait, alors je prédis tout au plus encore 130 ans à cette imposture. 
  
     « On ne peut conclure à une augmentation de la richesse lorsque les individus et les gouvernements dépensent. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'un pays ayant les moyens de beaucoup dépenser est un pays relativement riche. »
 
          Une autre façon de hausser le PIB est d'engager des fonctionnaires, ce dont ne se privent pas les politiciens. Prenez, par exemple, les résidents de Murdochville qui, à force de crier, ont obtenu des politiciens des postes de fonctionnaires plutôt que d'avoir à quitter et fermer leur ville. Cela n'enrichit personne sauf eux. Il est clair que se sont les payeurs de taxes qui leur rendent service et non le contraire. La générosité sociale-démocrate est l'équivalent de la loi de la jungle, c'est-à-dire crier et voler pour obtenir. C'est tellement plus facile avec l'argent des autres. Qui pourrait s'en offusquer puisqu'elle augmente le PIB et diminue le taux de chômage? Remarquez que ces données économiques sont considérées invariablement comme étant de bonnes nouvelles par les médias populaires. L'ignorance tue. 
  
          Le PIB n'est d'aucune utilité, car il additionne des biens qui ne peuvent l'être. Des pommes et des oranges ne s'additionnent pas. Puisqu'il n'y a pas de dénominateur commun entre les biens, on ne peut prétendre obtenir une moyenne. On apprend dès la première année d'école que pour établir une moyenne, il doit y avoir un dénominateur commun, qui est inexistant avec les biens qui composent le PIB (voir LE PIB: UN CONCEPT ÉCONOMIQUE INUTILE ET NÉFASTE, le QL, no 104). Encore une fois, on ne peut conclure à une augmentation de la richesse lorsque les individus et les gouvernements dépensent. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'un pays ayant les moyens de beaucoup dépenser est un pays relativement riche. 
  
          Cet indice ne sert que les gouvernements et les sociaux-démocrates. Lorsque ceux-ci considèrent que le PIB est trop bas, ils tentent d'encourager l'investissement par des manipulations monétaires. Ce faisant, tout ce qu'ils produisent est une déstabilisation pouvant conduire à la faillite chez les producteurs, une redistribution des richesses et un appauvrissement généralisé. Le comble de l'absurde, c'est qu'ils considèrent qu'un PIB trop élevé entraîne une augmentation des prix et par conséquent un appauvrissement. Autrement dit, ils considèrent un PIB élevé comme étant à la fois un indice de richesse et de pauvreté. Ce que l'on doit retenir, c'est que le gouvernement ou bien ignore ce qu'est la croissance économique ou bien il ne veut pas le savoir. Chose certaine, c'est que l'utilisation du PIB par le gouvernement est une justification à ses interventions en tout genre, qui ne sont nullement dans notre intérêt. 
  
La véritable croissance 
  
          La croissance économique ne peut être le résultat d'un calcul d'agrégats, car elle signifie l'augmentation du choix des biens et services, matériels ou non. Ainsi, une croissance économique ou une augmentation de la richesse est inséparable d'une augmentation des libertés. Il y aura d'autant plus de biens de consommation que les producteurs, seuls créateurs de richesse, ne seront pas entravés par les manipulations des gouvernements. Moins d'État, plus de liberté et plus de liberté, plus de richesses. Faites vos choix et ne vous en tenez pas qu'à des mots! 
 
 
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