Montréal, 15 octobre 2005 • No 159

 

OPINION

 

Mathieu Bréard habite à Montréal.

 
 

L'ONU ET LE DÉSARMEMENT DES CIVILS

 

« La pire erreur que l'on pourrait faire serait de permettre aux races assujetties de posséder des armes. L'histoire montre que tous les conquérants qui ont permis à leurs populations assujetties de porter des armes ont ainsi préparé le terrain à leur propre défaite. »

 

-Adolf Hitler, 11 avril 1942

 

 

par Mathieu Bréard

 

          Plusieurs groupes opposés à la possession et au port d'armes militent activement aux côtés des Nations Unies pour mettre sur pied une campagne internationale de désarmement des civils. Les touristes qui visitent le siège social de l'organisation à New York peuvent y voir le symbole de cette toute nouvelle croisade. Il s'agit d'une sculpture représentant un revolver dont le canon a été tordu. On prétend que cette oeuvre d'art est l'illustration parfaite d'un monde sans violence où les armes se retrouveraient uniquement entre les mains des forces de l'ordre. Ce que l'on se garde bien de dire, c'est que la grande majorité des civils tués par des armes au cours du dernier siècle l'ont été par des hommes à la solde de l'État.

 

          Cent soixante-dix millions de morts est le chiffre avancé par le chercheur R.J. Rummel, de l'University of Hawaii(1). Les derniers événements au Darfour ont démontré que les droits humains garantis par la Charte des Nations Unies ne valent strictement rien quand les gens sont laissés sans défense devant l'oppression. En faisant la promotion de ces politiques prohibitionnistes, l'ONU fait la preuve qu'elle ne protège pas du tout les droits individuels des citoyens, mais davantage les politiques répressives des États(2).
 

Un vaste programme de contrôle

          Tout a commencé en 1995, lorsque le secrétaire général des Nations Unies, Boutros Boutros-Ghali, ordonne la mise sur pied d'un groupe d'expert pour examiner la possibilité de réglementer le trafic d'armes. Les conclusions du rapport sont soumises à Kofi Annan en 1997. Elles recommandent de faire pression sur les États afin de planifier une stratégie globale visant non pas à désarmer les criminels, mais à s'attaquer aux honnêtes propriétaires d'arme à feu. En 1999, un second comité observe les différentes initiatives adoptées un peu partout dans le monde. Le problème est que la grande majorité de ces initiatives sont des échecs.
 

          Au Canada, le registre fédéral des armes à feu (C-68) est un gigantesque gouffre financier qui comporte des protocoles juridiques et bureaucratiques qui ne font que violer les droits individuels de millions de propriétaires d'arme à feu. La loi n'a absolument aucun impact dans la lutte contre la criminalité. En Angleterre, depuis l'adoption des lois draconiennes pour interdire les armes de poing (1997), la violation des propriétés privées est à la hausse, et le marché noir des armes, en pleine effervescence(3). Aux États-Unis, le Brady Act, en plus d'être dénoncé par Dennis Martin, directeur de la Nationale Association of Chiefs of Police(4), n'a pas fait diminuer les actes criminels(5).

          En 2001 à New York, l'ONU dévoile finalement son programme politique. Toutes les armes à feu qui ne sont pas utilisées par les militaires ou par les forces de l'ordre devront être rassemblées et détruites. On recommande aux États membres de ficher les propriétaires et de mettre en place des registres pour faciliter la confiscation des armes – l'enregistrement étant l'étape préliminaire à tout désarmement d'une population. Certains proposent même d'entreposer les armes sous la juridiction d'une police internationale.

          Pour accélérer le processus l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) créée dans différents pays des programmes pour que les individus rendent leurs armes à feu en échange d'une somme d'argent (Îles Salomon, Mali). Pour les convaincre, on leur raconte que les armes à feu menacent les opérations humanitaires des Nations Unies – en omettant de mentionner que ces attaques sont bien souvent fomentées par des élites étatiques...

          Pour les dirigeants onusiens, l'aboutissement de toutes ces mesures sera la création d'un monopole international sur les armes à feu. Les utopistes – et dieu sait combien ils sont nombreux aux Nations Unies! – entretiennent l'idée que le monde serait plus sûr si les civils renonçaient entièrement au droit de défendre leur vie. Un droit inutile, nous dira-t-on, puisqu'un gouvernement mondial veillera sur nous en toute circonstance.
 

Génocide: le droit de résister a la tyrannie

          Le contrôle des armes à feu est étroitement lié aux génocides. Tout dictateur qui souhaite asservir une population doit avant tout la désarmer. Au 20e siècle, la grande majorité des civils ayant été confrontés à des régimes tyranniques ont été menés à l'abattoir sans aucune possibilité de résistance. En leur retirant totalement le droit de se défendre, militaires et policiers ont pu en toute impunité violer leur propriété privée, massacrez leurs enfants tout en leur faisant subir les pires atrocités. Quand Adolf Hitler prit le pouvoir en Allemagne, il fit adopter toute une série de décrets pour mettre en place un programme national de confiscation des armes à feu. En utilisant le registre créé en 1928 par la république libérale de Weimar, cette tâche fut un véritable jeu d'enfant.
 

« Le contrôle des armes à feu est étroitement lié aux génocides. Tout dictateur qui souhaite asservir une population doit avant tout la désarmer. »


          Sous les ordres du chef de la Gestapo, Heinrich Himmler, les juifs propriétaires d'armes furent tous arrêtés et condamnés à des peines démesurées avant d'être envoyés croupir dans les camps de concentration. En Italie, même Benito Mussolini ne mâche pas ses mots. Pour ce fasciste, désarmer les civils est le meilleur moyen de préserver la sécurité et tuer dans l'oeuf toute possibilité de révolte. L'histoire montrera ce qu'il en coûte de laisser le monopole de la force entre les mains d'un État.

          Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que le nombre de victimes se compte par dizaines de millions, les pays alliés, réunis sous la bannière des Nations Unies, affirment que plus jamais l'humanité ne sera confrontée à pareille tragédie. Des fonctionnaires bien assis derrière leur bureau, inconscients de la réalité sur le terrain, se mettent à rédiger toutes sortes de traités qui deviendront, au fil des années, de véritables mirages. Bien sûr, peu seront tentés de faire de la légitime défense un droit humain fondamental. On se contentera simplement d'entretenir le mythe selon lequel seuls les agents d'un gouvernement ont le droit d'utiliser une arme et ce, au nom de la sécurité collective.
 

Appuis douteux

          La dernière convention des Nations Unies sur les armes à feu (2001) fut appuyée par de nombreux gouvernements qui ne respectent en rien les libertés individuelles de leur propre population. En Iran, les autorités islamiques, qui craignent une révolution, appuient le contrôle des armes à feu pour tous les citoyens. Elles refusent de perdre une partie de leur pouvoir de peur d'avoir à modérer leurs politiques répressives. La Chine communiste, qui considère Taiwan comme une province rebelle, encourage un contrôle accru sur les armes à feu, pour empêcher les habitants de la région de se défendre en cas d'insurrection.

          Nguyen Thanh Chan, à la tête d'une dictature communiste au Vietnam, appuie une approche globale sur le commerce licite des armes à feu et ce à tous les niveaux. Sar Kheng, ministre intérieur du Cambodge, dont la population sans défense a déjà été massacrée par les Khmer Rouge, veut décourager tous ses citoyens de s'armer en mettant sur pied des programmes favorisant la prohibition. Au Pakistan, Moin-Ud-Din Haider, ministre des Affaires intérieures au sein d'une dictature militaire, prétend que la prolifération des armes de poing menace la stabilité politique de son gouvernement.

          En Angola, le ministre de la Défense, Gaspar Santos Rufinov, partisan d'un contrôle sévère sur la circulation des armes à feu, est à la tête d'une dictature communiste qui se maintient en place par toutes sortes de magouilles politiques. Il affirme que les armes à feu doivent être vendues uniquement à des entités étatiques. Le gouvernement de la Jamaïque a proposé d'uniformiser à l'échelle mondiale sa propre politique de contrôle des armes à feu qui fut plutôt utile pour violer les droits civiques de ses propres citoyens tout en provoquant une hausse effarante de la violence.

          Comment donc les représentants de l'ONU peuvent-ils légitimer le désarmement des civils? Ces derniers doivent-ils accepter d'être des victimes dociles pendant que nos grands penseurs réfléchissent à des solutions miracles?

          Cette idée est absurde, mais démontre bien comment l'Organisation des Nations Unies non seulement se rend complice de génocides, mais ne possède pas la moindre légitimité morale pour désarmer les citoyens respectueux de la loi. Les armes à feu qu'elle diabolise par sa propagande ont déjà protégé des centaines de milliers d'hommes et de femmes contre la tyrannie dans le passé. Elles ont été, dans bien des cas, un gage de libération. Dans un monde où la tyrannie et la violence restent des menaces bien réelles, la possession légale d'une arme à feu incarne un aspect légitime de la vie en société qui doit être préservé envers et contre tous.

 

1. R.J. Rummel. Death by Government. New Brunswick (NJ): Transaction Publishers, 1994.
2. L'ONU est une organisation qui n'a aucune crédibilité (voir: « ONU: il est temps de mettre la clé dans la porte »). Elle prétend défendre les droits de l'homme tout en déroulant le tapis rouge à des dictateurs à qui elle donne un droit de regard sur ses politiques. Comment pouvons-nous laisser nos libertés individuelles être autant bafouées? L'heure n'est plus aux discussions stériles sur la possibilité de réformer l'institution, mais bien d'exiger son abolition.
3. Joyce Lee Malcolm, Gun and Violence: The English Experience, Harvard University Press, 2002.
4. « Brady Bill May Mean Rise in Crime, More Work for Understaffed, Overworked Police », PR Newswire, 2 décembre 1993.
5. General Accounting Office, « Gun Control: Implementation of the Brady Handgun Violence Prevention Act », rapport soumis au Committee on the Judiciary du sénat américain et au Committee on the Judiciary de la Chambre des Représentants (janvier 1996).