Montréal, 22 avril 2007 • No 222

 

COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER

 

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GUERRE 14-18: UNE ABJECTE BOUCHERIE

 

Re.: VIMY, OUR RIGHTS AND OUR FREEDOM, le QL, no 221

 

          Très honnêtement, je ne vois pas comment on peut se glorifier de la Première Guerre mondiale. La guerre de 1914-1918 a été une abjecte boucherie, causée uniquement par l'orgueil nationaliste débridé des stupides bourgeoisies européennes. Dans cette logique jusqu'au-boutiste, qui les a poussé à la guerre totale pendant 4 ans, les nations européennes ont d'ailleurs sacrifié bêtement leurs forces vives, la jeune génération. Ce que le Canada (comme les États-Unis, d'ailleurs) aurait pu faire de mieux en 1914-1918, c'est de laisser les Européens s'arranger tous seuls avec leurs troubles. Il fallait sauver la France? Faites-moi rire!

          Avec la Première Guerre mondiale, l'élite française du temps (elle n'a pas beaucoup changé...) ne faisait que récolter les fruits de sa profonde stupidité. On aura beau étirer la « sauce Vimy » tant qu'on voudra, y voyant même la naissance du « Canada moderne », la Première Guerre mondiale n'a pas été un combat pour la liberté. L'Allemagne du Kaiser n'était pas davantage une tyrannie que la Russie tsariste, l'Empire britannique ou la France de la troisième république. Au début du vingtième siècle, l'Europe commençait à régler pacifiquement ses vieilles querelles (à travers, entre autres choses, l'entente cordiale franco-britannique) et l'élite européenne transcendait les frontières nationales. Mais pour une question d'orgueil mal placé, les nations européennes se sont, bêtement, jetées dans un fantastique carnage qui n'a fait que réveiller tous les vieux démons de l'Europe (antisémitisme, goût de revanche, appétit de puissance, mépris du libéralisme), après quatre années de dévastation. En perdant toute crédibilité dans cette guerre stupide, la bourgeoisie européenne a ouvert la porte aux totalitarismes soviétique et nazi. Avec les conséquences meurtrières que l'on sait pour la plus grande partie du vingtième siècle...

          Les nationalistes d'aujourd'hui, à qui la soi-disant « hégémonie américaine » donne de l'urticaire, devraient se rappeler que la prépondérance américaine sur les affaires mondiales est aussi une conséquence des débordements nationalistes qui ont mené l'Europe à sa perte à partir de la guerre de 1914-18.

          On peut respecter le souvenir des jeunes soldats qui ont perdu la vie à Vimy ou ailleurs, parce qu'ils y croyaient. On peut saluer leur courage. C'est sans doute louable. Mais cela ne doit pas nous empêcher de considérer la Première Guerre mondiale pour ce qu'elle a été: une immense connerie historique.

Bruno Vallée
Québec
 

 

COMPLÈTEMENT UTOPISTE ET ANTI-EMPIRIQUE

 
 

          J’ai l’impression presque à chaque article que je lis dans votre magazine, d’entendre un bourgeois égoïste fâché de payer des taxes!

          Selon vos articles, le monde est extrêmement simple: tous les problèmes seront réglés si on abandonne l’État. Je considère ce point de vue libertarien complètement utopiste et anti-empirique. Certes, il y a des politiques gouvernementales qui ont des inconvénients, pour certains, mais certaines autres ont leurs avantages. Il me semble raisonnable de dire qu’il faut stimuler l’économie mais en tentant en même temps de protéger les plus pauvres. Mais enlever l’État et abolir toute règle et loi n’est certainement pas la solution pour améliorer le niveau de vie de tout le monde. Au contraire, c’est plutôt une position politique modérée et pragmatique et une population éduquée qui fait le succès économique d’un pays.

          De plus, comment voulez-vous rencontrer les objectifs écologiques sans que l’État joue un rôle important. Comment voulez-vous que les pays relèvent des défis comme le pic pétrolier et toute la restructuration économique qu’il implique (investir dans les énergies alternatives comme par exemple couvrir une large section de notre territoire avec des panneaux solaires), et rendre les produits écologiques compétitifs sur le marché en prévision? Un système sans État amènerait-il vraiment du bien-être à tout le monde? Pourquoi ne pas enlever la police pendant qu’on y est? Je crois qu’il serait constructif de reconnaître que l’État joue parfois un rôle utile, pour certains.

          Je crois que le problème du tabac n’est pas si simple que vous le prétendez dans votre article. L’argumentation est inconsistante. Ce n’est pas uniquement à cause de notre système public de santé que les lois antitabac ont été passées. Il me semble que des lois similaires sont passées aux États-Unis. Ces lois sont passées tout simplement pour protéger les consommateurs, puisque le tabac est particulièrement « addictif » et qu’il est dangereux pour la santé. Deuxièmement, par respect pour ceux qui font le choix de ne pas fumer, il est normal d’imposer aux fumeurs d’aller fumer dehors. C’est une question de respect des droits individuels. Sinon, tout le monde respire leur fumée nauséabonde. C’est sûr qu’il y a des commerces qui souffrent de ces lois, mais ils n’ont qu’à s’adapter. Je ne crois pas que 1) avertir que le tabac est nocif, 2) demander d’aller fumer dehors, et 3) tenter d’empêcher que trop de gens deviennent accros à cette drogue soit du fascisme. Je crois que vous vous trompez en tentant toujours de justifier la théorie libertarienne à tout prix. Enlever le rôle de l’État ne mène pas nécessairement au bien-être des gens. Ça dépend des cas et de la façon de le faire.

          La loi de la jungle n’amène pas nécessairement du bien-être à tout le monde. Elle amène du bien-être aux plus forts qui vont gagner dans ce système – à ceux qui ont plus de capital ou plus d’éducation, ou ceux qui sont physiquement plus grands et beaux et qui se trouvent des emplois plus facilement – ou encore aux plus violents, dans un système anarchique. C’est sûr que souvent les revendications des syndiqués sont exagérées, et que la culture gauchiste, très présente au Québec, valorise souvent la médiocrité, et nuit à la performance des meilleurs. Mais il faut réaliser que la politique c’est plutôt une question de lutte des classes, une question de « quel objectif on se fixe » plus qu’une simple question d’économiste – autrement dit, la question est « À QUI profite telle ou telle politique? ». Est-ce qu’on a envie de protéger nos pauvres? Ou est-ce qu’on veut valoriser la culture du winner? Il me semble que ce choix découle directement de si on est pauvre ou de si on est winner. Contrairement à ce que vous semblez toujours sous-entendre, les pauvres ne se sont pas trompés en votant à gauche, ils ont bel et bien voté dans leur propre intérêt, même si ça embête les winners.

          Je crois que votre magazine diffuse de la propagande biaisée, et qu’il cherche à protéger les intérêts de bourgeois qui veulent payer moins de taxes (ce qui est tout à fait normal, soit dit en passant, tout autant que les pauvres ne veulent pas crever de faim). Vous tentez de faire croire que c’est mieux de voter à droite, alors qu’en fait c’est juste mieux pour les riches. Les pauvres ne vont pas régler tous leurs problèmes juste en arrêtant de se syndiquer, en étant plus actifs ou en travaillant plus (où?) comme le prétendent les Américains de droite. De plus vous oubliez que notre économie est basée sur la consommation du pétrole qui va bientôt tarir. Je n’ai jamais noté d’articles sur ce sujet ni sur celui du réchauffement global pourtant ce sont des sujets qui affecteront grandement notre bien-être dans les prochaines années.

          J’ai très hâte que les sciences humaines autant que l’économie et la sociologie deviennent des disciplines plus empiriques, ou les prises de parti ne sont plus tolérées sans être appuyées par les faits empiriques, comme en sciences. Bien des disciplines à l’université sont la proie de pures luttes idéologiques biaisées, tout autant que la philosophie ou la métaphysique (tout comme les théories droitistes biaisées de Nietzsche sur l’ubermench par exemple).

          Je ne comprends pas comment vous pouvez défendre rationnellement la position libertarienne, sans spécifier à qui elle profiterait et comment.

          En dernier point, je voulais dire que le micro-prêt EST de l’interventionnisme, seulement c’est de l’interventionnisme plus efficace. C’est sûr qu’il y a des formes d’interventionnisme plus efficace que d’autres qui vont stimuler l’activité des couches les plus pauvres parfois dans leur propres intérêt (comme une carotte pour l’âne), mais je crois que vous devriez être plus clair sur vos objectifs. Est-ce que vous visez vraiment à éradiquer la pauvreté, et à assurer l’avenir de nos enfants en investissant dans les énergies renouvelables pendant qu’il est encore temps? Ou bien cherchez-vous à défendre les intérêts à court terme des plus riches, en prétextant que cela va « stimuler l’économie »?

          Au lieu de chialer et dire qu’il ne faut plus du tout d’État, ou en tout cas que vous voulez payer moins de taxes, je crois que vous devriez tout simplement accepter que l’État joue un rôle parfois très important, et ensuite tenter de parfaire ses actions et stratégies en faisant des propositions de lois constructives dont l’objectif est explicite (profiter à qui et comment, en regard par exemple des résultats obtenus dans d’autres pays).

          Cela dit, je trouve votre magazine souvent très intéressant, et je continue à lire certains articles. J’espère que ce courriel peut contribuer à en améliorer le contenu.

N. Chausseau

Réponse d'André Dorais

Bonjour,

          La seule façon positive pour l'État de « stimuler » l'économie est de réduire l'imposition et la taxation. Augmenter celles-ci bénéficie à certaines gens, mais aux dépens des autres. À l'instar des politiques fiscales, les politiques monétaires (établissement du taux d'intérêt et mise en circulation de la monnaie) profitent aux uns, mais au détriment des autres. Ces politiques peuvent aider les pauvres à court terme seulement, par conséquent elles sont toujours à renouveler et à un coût croissant. D'aucune façon, devraient-elles faire partie d'un plan pour combattre la pauvreté.

          Vous touchez aux questions écologiques. En taxant et en imposant les contribuables, les politiciens sont en mesure d'avoir un impact sur le marché et de l'orienter dans une direction ou une autre, mais leur jugement n'étant pas meilleur que les autres, ils dilapident la richesse. Il s'ensuit moins d'alternatives à utiliser et plus de pollution. Certes, la production de richesse entraîne de la pollution, mais c'est également elle qui peut la réduire, d'autant mieux que l'on respecte la propriété de chacun. Un monde sans État n'en est pas un sans réglementation et sans police. Il s'agit plutôt d'un monde où la propriété est respectée et protégée par elle, l'assurance et l'appareil judiciaire. Seule la façon de les payer diffère.

          Vous faites allusion aux lois contre la tabagisme. Respectez le principe de propriété et vous réglez le problème. Vous êtes fumeur et vous rentrez chez un ami. Vous lui demandez la permission de fumer, sinon il est libre de vous expulser. Vous rentrez dans un bar et vous fumez sans demander la permission. Pourquoi? Le bar appartient à quelqu'un qui a ses règlements comme votre ami a les siens. Vous devriez donc les respecter tout autant. Que le tenancier veuille recevoir uniquement des Noirs, des homosexuels, des punks, ou des femmes, c'est son bar. Le « public » devrait se mêler de ses oignons.

          Cependant, en tant qu'homme d'affaires il cherche à recevoir une clientèle nombreuse, d'où qu'il doit montrer une certaine flexibilité. Toujours est-il qu'il devrait être libre de choisir la clientèle qui lui plaît. Est-ce de la discrimination? Bien sûr que c'en est! Choisir constitue de la discrimination. Seul l'État prétend savoir différencier la bonne discrimination de la mauvaise pour tout le monde. Il considère que les fumeurs coûtent chers au système de santé, alors pour en préserver le contrôle il réduit les libertés qu'il juge nocives. Vous fumez à vous rendre malade? Ce n’est pas grave, les contribuables payent. Vous faites des enfants alors que vous recevez l'aide sociale? Ce n’est pas grave, les contribuables payent. Vous arrivez au Québec et ne parlez ni français, ni anglais? Pas grave, les contribuables payent les formations, le matériel et l'aide sociale, etc. Dans un régime de liberté, où les soins de santé sont offerts par des entreprises privées, vous fumez autant que vous voulez et vous seul payez la note. Un régime de propriété conduit à la responsabilité, alors qu’un régime public conduit au chaos.

          Finalement, vous parlez de la loi du plus fort. C'est l'État le plus fort. C'est lui qui fait les guerres, qui les provoquent. Il tue et il vole, mais toujours selon une idée du bien. Il soutire l'argent des contribuables sans leur accord, mais au nom d'une soi-disant solidarité. Il prend l'argent d'abord, il tente de rendre service ensuite. Certains en bénéficient, mais aux dépens des autres. Les entreprises à but lucratif ne peuvent pas agir de cette façon et c'est tant mieux. Elles rendent service, mais à la différence de l'État, elles aident les pauvres sans nuire à personne. Elles créent de la richesse, non de la pauvreté. L'État soutire cette richesse de ses propriétaires légitimes pour satisfaire ses propres clientèles. Clientèle qui apprend à crier et à faire de la casse pour obtenir ce qu'elle veut. Elle demande à l'État d'aller soutirer l'argent d'autrui pour la lui remettre en lui promettant qu'elle votera pour lui. C'est la loi de la jungle.

          Le libertarien à droite? Il n'a rien contre les homosexuels, les immigrants, les drogues, l'égalité, la protection de l'environnement et les syndicats. Est-il à gauche? Il n'a rien contre les religions, le marché, les services de protection et il veut aider les pauvres. Trouvez l'erreur?

Au plaisir,

A. D.
 

Réponse de Mathieu Bréard

Bonjour,

          Vous semblez croire que le mouvement libertarien est homogène. Une erreur à ne pas faire. Il existe, au sein de cette philosophie, différentes écoles de pensée qui partagent des idées communes, mais qui vont être en opposition sur d'autres. Nombreux sont les collaborateurs au Québécois libre qui sont minarchistes, c'est-à-dire qu'ils considèrent l'État comme un mal nécessaire sur lequel il faut garder un oeil vigilant. Ils lui reconnaissent une certaine légitimité en matière de sécurité, de justice, de défense nationale, de respect de la propriété privée et des droits individuels. D'autres courants, comme l'anarcho-capitaliste, pensent au contraire que même les fonctions régaliennes de l'État doivent être privatisées. Bien sûr, vous pouvez être en accord ou en désaccord avec l'idée, mais nous ne pouvons nier sa grande richesse théorique.

          Bref, il ne s’agit pas convertir les lecteurs du magazine à la philosophie libertarienne, mais plutôt de les rendre plus critiques envers l'État, d'explorer d'autres alternatives qui méritent un débat. Bien sûr les idées qui sortent des sentiers battus, qui se placent en opposition avec le discours dominant, n'ont jamais eu bonne presse.

          Un exemple tout simple. Vous soulevez, dans votre texte, la problématique de la pauvreté. Beaucoup de personnes ont encore ce réflexe d'associer instinctivement pauvreté et intervention de l'État. Des années de conditionnement les empêchent d’envisager la possibilité d'enrayer ce problème en dehors de cette sphère. Et pourtant, le souci de l'autre, l'entraide et le soutien familial ne sont pas des valeurs qui sont nées avec l'avènement de l'État-providence. Beaucoup de communautés, dont celle des juifs, se sont structurées avec de grandes traditions d’hospitalité et d’entraide. Devant l'adversité, ils ne se tournent que très rarement vers un pouvoir extérieur. Nous pourrions mentionner aussi le dévouement de certaines cultures africaines envers leurs aînées. Chez les Maghrébins, la famille est sacrée et les personnes âgées invalides sont intégrées au groupe. Il est très difficile pour eux, voir inacceptable, d'envisager la possibilité de les abandonner dans les méandres de la bureaucratie.

          Plus près de nous, Steve Mariotti, président fondateur de la National Foundation for Teaching Entrepreneurship, a découvert que les enfants défavorisés sont spécialement doués pour recevoir une formation d'entrepreneurs. Ils sont tenaces, persévérants et ne prennent rien pour acquis. Lui et son équipe enseignent que la pauvreté ne devrait jamais être une fatalité, mais plutôt l'occasion d'acquérir les connaissances théoriques et pratiques pour la vaincre avec intelligence. Oui, libre à vous de donner à cette initiative le qualificatif de culture de winner. Mais, elle sera toujours plus honorable que celle qui consiste à valoriser la dépendance, l’inaction et le manque de confiance en soi.

          Depuis des décennies, l'État gaspille annuellement des milliards de dollars dans toutes sortes de programmes sans la moindre logique économique. Que l'on songe aux scandales du Bureau de développement des ressources humaines, du registre des armes à feu, des subventions aux pétrolières, du dossier de la Gaspésia, Rêveport ou encore Métaforia, la liste ne cesse de s’allonger à un rythme effréné. Alors, vous conviendrez avec moi, qu'il n'y a absolument rien de bourgeois ou d'égoïste à contester l'appétit toujours plus vorace de l'État – une organisation qui, sous le couvert de la loi, s'est appropriée le monopole de la force et de la coercition sur un territoire. Chaque semaine, vous et moi, nous devons lui céder une partie de notre salaire. Un prélèvement autoritaire, un vol légal qui réserve à celui qui s'y oppose une comparution devant les tribunaux. En échange, on nous demande de croire aveuglement – il faut quand même le faire! – que les gens qui auront cet argent entre les mains seront dignes de confiance. Et, je ne parle pas ici de toutes les taxes supplémentaires que l'on paye lors de nos échanges volontaires. Voilà qui traduit bien la profonde naïveté dans laquelle baigne une majorité de citoyens. L'État est à leurs yeux, une entité presque divine, ses représentants ne sont pas humains, mais plutôt des anges incapables de gaspillage, de fraude, de pots de vin et autres vices.

          Honnêtement, accepteriez-vous de donner 2000$ à un parfait inconnu pour qu'il le redistribue? Votre réponse, je le devine, est négative. Et pourtant c’est exactement cette logique à laquelle nous sommes confrontés. Un antimondialiste frustré par les succès de Wal-Mart pourra toujours cesser d'y faire ses achats. Un actionnaire outré par les déficits répétés d'une entreprise pourra arrêter d'y investir son argent. Malheureusement, face à l'État, nous ne disposons pas d’un tel pouvoir de contestation et encore moins d'un droit de dissociation. Il y a quelque chose de profondément malsain derrière tout ça.

          La deuxième partie de votre message sur le tabac est tout aussi intéressante, car elle néglige le principe même de la propriété privée. Ceux qui prétendent que tous les bars et restaurants doivent-être protégés contre la fumée secondaire, oublient qu’il s’agit avant tout de lieux privés au même titre qu’une maison. De telles politique de prohibition ouvrent la porte à un dangereux précédent, celui d’une confiscation toujours plus grande de la propriété privée. En d’autres mots, l’État utilise la force pour limiter des comportements à l’intérieur d’un établissement alors que ce droit est celui de son propriétaire. Lui seul est en mesure de déterminer les besoins de sa clientèle, dont le droit de fumer ou non. On oublie que les employés d’un restaurant sont là par choix. Il en va de même pour tous les clients qui décident de venir y manger ou prendre un verre. Personne ne les force à fréquenter cet endroit. S’il y a insatisfaction, il sanctionneront eux-mêmes la politique de l’établissement, en allant ailleurs.

          L’argument voulant que l’État cherche à protéger le citoyen contre lui-même est un affront à sa capacité de réfléchir par lui-même et de faire des choix. Suivant cette logique paternaliste, il faudrait peut-être interdire la consommation de boisson alcoolisée. Et pourquoi le ministère de la Santé ne songe-t-il pas à limiter sur la terrasse et même dans nos propres maisons les points d’accès au soleil? Ses rayons UVA et UVB sont pourtant un important vecteur de cancer.

          En guise de conclusion, je rejette cette analogie gratuite et douteuse que vous faites entre la philosophie libertarienne et l’idéologie de droite américaine (voir « Confusion gauche/droite »).

Bien à vous,

M. B.
 

GESTION DES MÉDICAMENTS: QUELQUES INIQUITÉS

 
 

          Bonjour Monsieur Saucier,

          J'ai lu avec intérêt votre article trouvé par hasard sur Internet intitulé « Le dégel des prix des médicaments ». Je vous propose de lire, en page 11 de Employee Benefits News Canada, un article qui identifie, en partie, les iniquités dans la gestion des médicaments entre les régimes privés et le régime public.

          J'aimerais préciser ou corriger certains passages de votre article:

• L'assurance médicaments individuelle est interdite au Québec. On ne peut pas « changer d'assureur » comme vous le suggérez quand il refuse de rembourser un médicament et cette décision ne relève pas de lui mais du contrat conclu avec un promoteur de régime (employeur, comité paritaire, syndicat, RAMQ, etc.).
• Le Québec a décidé de « dégeler » les prix, mais de limiter cette augmentation à l'indice des prix à la consommation du Québec. Notons toutefois que:

• les manufacturiers devront payer au gouvernement des sommes compensatoires en proportion des revenus additionnels générés par le dégel (pas des subventions, mais encore une façon de reprendre d'une main ce qu'on donne de l'autre...);
• si les hausses exigées des manufacturiers sont supérieures à celles autorisées, les assurés de la RAMQ devront payer la différence et ce, sans limite puisque la Loi 130 a autorisé la RAMQ à ne pas comptabiliser ces déboursés dans le maximum annuel de 881 $ et sans tenir compte de l'obligation de payer au minimum 71% du montant réclamé par le pharmacien.

          Le prix facturé par les pharmacien est négocié et contrôlé pour les assurés de la RAMQ, mais il est sujet à une libre concurrence pour les assurés des régimes privés. Or, comme vous l'avez mentionné, ce concept s'applique difficilement aux médicaments, d'où le fait qu'un pharmacien peut facturer pour le même médicament, des centaines de dollars de plus à un assuré d'un régime privé vs un assuré de la RAMQ. De plus, parmi les nombreuses iniquités dans les règles de fonctionnement de ce régime mixte et obligatoire, notons que:

• La Loi interdit aux régimes privés d'utiliser les mêmes contrôles que la RAMQ pour gérer les hausses de prix: obligation de rembourser au minimum 71% du montant réclamé, même lorsqu'excessif par rapport à la RAMQ, et obligation de cumuler tous les déboursés dans le calcul du 881 $ si on contrôle les hausses et qu'on fait payer les excédents aux assurés.
• Aucune somme compensatoire négociée par le gouvernement pour amortir les augmentations de coûts pour les régimes privés résultant de sa décision de « dégeler » les prix. Idem pour les ententes de partage de risque et autres sommes compensatoires versées par les manufacturiers au gouvernement, en retour de l'ajout de certains médicaments à la liste obligatoire imposée aux régimes privés.

          Les conséquences financières pour les régimes d'assurance médicaments seront donc beaucoup plus importantes que pour le régime public. Je ne partage pas du tout l'opinion que vous exprimez dans votre dernier paragraphe et votre recommandation n'est certainement pas dans l'intérêt des entreprises que vous conseillez...

Johanne Brosseau
Conseillère en assurance médicaments
 

 

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