15 mars 2015 • No 330 | Archives | Faites une recherche | Newsletter

 

 

   
OPINION
Réchauffement de la planète : les vrais et les faux problèmes
par Carl-Stéphane Huot


On attribue à une hausse marquée du CO2 plusieurs problèmes à venir censés presque pousser la Terre à sa destruction. Pourtant, est-ce vraiment le cas? Et est-ce que l'on ne se sert pas de cela comme alibi pour camoufler des problèmes réels?

En 2005, l'ouragan Katrina frappe la région de la Nouvelle-Orléans. Plus de cinquante barrages qui protégeaient la ville – celle-ci étant partiellement située sous le niveau de la mer – sont alors détruits, entraînant le désastre que l'on sait. Les recherches menées par la suite sur chacun de ces barrages ont démontré qu'ils avaient tous, sans exception, soit des vices de conception, des vices de construction, ou des problèmes d'entretien, qui ont contribué à leur effondrement. Même si l'armée américaine a pris la responsabilité du désastre, l'invocation du réchauffement climatique par les environnementalistes a sauvé le gouvernement américain d'un énorme coup de pied au derrière qu'il aurait amplement mérité.

On pourrait d'ailleurs comparer ce désastre à l'accident nucléaire de Fukushima. Pour faire grossir la facture des changements climatiques, des militants verts ont conclu que puisque les tremblements de terres ont pour origine les changements climatiques(1), les coûts de l'accident devaient lui être imputés. Pourtant, au Japon même, la Diète (Parlement), après un combat homérique, a attribué l'accident à une série d'erreurs humaines, dont la sous-estimation du risque de tsunami et le fait de placer la génératrice de secours dans un endroit que la vague pouvait atteindre. Son inondation l'a rendue inutile, alors que son rôle est capital – en cas d'arrêt du réacteur, son électricité permet de maintenir en fonction le circuit de refroidissement du réacteur et, ainsi, d'éviter sa surchauffe et sa destruction. On a beau dire que le Japon a une relation ambiguë avec le nucléaire, il n'en demeure pas moins que l'attribution de celui-ci à une erreur humaine plutôt qu'au réchauffement climatique envoie un message très différent aux autorités japonaises.

Ici au Canada, on a négligé pendant des années de faire l'entretien des systèmes d'égouts parce qu'il est plus rentable politiquement de construire de nouvelles infrastructures que d'entretenir les anciennes.

Avec le temps, les tuyaux deviennent de plus en plus rugueux, ce qui réduit quand même sensiblement le débit qu'ils sont capables de déplacer (on parle d'une perte de capacité de l'ordre de 30% après 40 ans, ce qui dépasse largement l'augmentation attendue des précipitations à l'heure actuelle). Résultat? Le nombre de refoulements d'égouts augmente, mais avec l'aide des interventions de leurs amis environnementalistes, nos politiciens n'ont pas à subir les contrecoups de leurs choix. « Stranges bedfellows », disent les anglophones.

Peut-on dire que l’Armageddon est à nos portes? Pas vraiment. Afin de justifier la diminution rapide des émissions de CO2, on lui attribue la totalité des destructions matérielles et des morts lors de catastrophes naturelles, oubliant commodément les décisions politiques prises ici et là. De plus, on tient pour acquis que l'arrêt complet d'émission de CO2 voudrait dire l'arrêt complet de toute catastrophe naturelle. Or, jusqu'à présent, l'hypothèse selon laquelle il y aurait plus de séismes et que ceux-ci seraient de plus en plus forts ne s'est pas matérialisée. On a aussi une excellente idée du nombre de cyclones et de tornades qu'il y a chaque année dans le monde depuis 1850 et ni leur nombre ni leur puissance ne donnent le moindre signe d'accroissement(2).
 

   

« Les pays riches sont beaucoup mieux en mesure de faire face à des problèmes que les pays pauvres. L'exemple des tremblements de terre d’Haïti et du Chili en 2010 est flagrant. »

   


Depuis 20 ans, les satellites Topex/Poséidon, Jason I et II ont mesuré une hausse de 70 mm du niveau des océans en moyenne. Si l'on admet une précision de l'ordre de quelques millimètres, on a tout de même un problème. Selon d'autres données, les glaces du monde auraient fondu de 7500 km³, ce qui, réparti sur l'ensemble des mers du monde, fait environ une hausse de 21 mm(3). Ajoutons-y la quantité d'eau évaluée comme « surpompage » des nappes phréatiques par les environnementalistes, soit 3200 milliards de mètres cubes en 20 ans, ce qui donne +10 mm une fois réparti sur tous les océans.

Enfin, il faut tenir compte de la hausse de la température au-dessus des océans qui est, aujourd'hui, évaluée à 0,4°C. L'eau a une caractéristique remarquable entre 0 et 4°C: elle contracte au lieu de prendre de l'expansion. Or, en dessous de 750 à 1200 mètres de profondeur, la température passe sous les 4°C. Les océans ont une profondeur moyenne de 3700 m, ce qui fait qu'une hausse de 0,4°C de la température sur les mers fait actuellement baisser le niveau réel d'environ 1 cm.

Le GIEC, en choisissant de faire abstraction de la contraction, en arrive pour la seule expansion thermique durant le XXIème siècle à une valeur d'environ 90 cm pour un scénario « optimiste » de +2°C et de plusieurs mètres pour le scénario à 6°C. Un calcul un peu plus précis me donne respectivement +1,5cm et 4cm. Mon problème est le suivant: si je fais la somme des trois composantes, je n'obtiens qu'une hausse en 20 ans de 20 mm environ. D'où proviennent les 50 autres mm mesurés par satellite? Si cela n'a rien à voir avec un dérèglement climatique imputable à l'homme, ou à son action, pourquoi les lui imputer?

Le traitement de l'îlot de chaleur urbain est aussi problématique. En utilisant les données du site Climate Reanalyser, il m'a été possible de trouver un certain nombre de villes où l'accroissement de la température a commencé un siècle plus tôt que ce que donnent les moyennes actuelles. Ce qu'on mesure avec des stations en ville est la croissance de celle-ci plutôt qu’une composante d'une hausse des températures globales. On sait pourtant, par des mesures effectuées ici et là, que la température en ville (la nuit surtout) peut être quelques degrés au-dessus de celles de la campagne proche. Actuellement, la proportion des sols occupés (artificialisés) par l'homme est de 5% des terres. Or, ceux-ci comptent actuellement pour pratiquement 100% des valeurs prises pour la composante sol de la moyenne globale. Pour être plus exact, il faudrait au moins faire la moyenne avec trois composantes: 1,5% pour les villes, 27,5% pour la partie non artificialisée et 71% pour les océans, et non 29%-71% comme présentement, ce qui couperait la valeur actuelle presque en deux. Mais comme ce n'est pas rentable politiquement…

Les pays riches sont beaucoup mieux en mesure de faire face à des problèmes que les pays pauvres. L'exemple des tremblements de terre d’Haïti et du Chili en 2010 est flagrant. Le tremblement de terre du Chili a été entre 30 et 60 fois plus fort, mais le nombre de morts au Chili n'a été qu’une minuscule fraction du nombre de morts en Haïti, malgré une population deux fois plus grande. Les dégâts ont certes été deux fois plus nombreux, mais la richesse globale des Chiliens était à l'époque un peu plus de 20 fois celui des Haïtiens. Aujourd'hui, seuls ces derniers continuent de reconstruire.

Au minimum, il faudrait cesser de fantasmer sur de gigantesques problèmes et resserrer la précision de certaines prédictions plutôt que de tirer dans tous les sens au risque de tuer des innocents. Pour le reste, j'aimerais utiliser pour mon compte une vieille citation pacifiste selon laquelle l'achat d'armes prive les pauvres de X vaccins. Ici, en dépensant des fortunes pour calmer l'imagination fertile des verts, on prive aussi bon nombre de gens de choses qui leur seraient utiles et dont l'absence pourrait aussi leur coûter la vie. Mais chut! Le mentionner n'est pas politiquement rentable.

 

1. L'hypothèse de base est que la fonte des pôles modifie suffisamment le chargement sur la croûte terrestre pour changer la fréquence des séismes. Sautant directement de l'hypothèse à la conclusion, sans passer par la preuve, nos verts en concluent que la fonte des glaces fait nécessairement augmenter le nombre de séismes. Mécaniquement parlant, cela n'a guère de sens, puisqu’une distribution plus uniforme des forces sur une surface fait diminuer les contraintes. De toute façon, la masse de toutes les glaces ne représente qu'une partie sur 200 000 de la masse du globe, ce qui est très peu pour avoir une influence mesurable.
2. Pour être exact, le nombre de tornades du type le plus faible (F0) est noté comme ayant connu une certaine hausse. Mais les moyens de détection ont beaucoup augmenté, ce qui peut fausser les données. Par ailleurs, même si on peut soutenir qu'elles ont un peu augmenté en nombre, ces tornades font peu de dégâts.
3. Et encore, je suis généreux, puisque cela inclut la perte de glace formée en mer, qui ne contribue pas à la hausse des océans, puisque son volume est lui-même extrait de la mer.

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Carl-Stéphane Huot est gradué en génie mécanique de l'Université Laval à Québec.

   
 

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