Montréal, le 12 septembre 1998
Numéro 20
 
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ÉCRIVEZ-NOUS
 
 
     Vous n'êtes pas d'accord avec le contenu d'un article? Vous avez une opinion à partager? Vous voulez dénoncer une autre stupidité proférée par nos élites nationalo-étatistes ou souligner une avancée de la liberté?     
    
LE QUÉBÉCOIS LIBRE publiera toutes les lettres pertinentes. N'oubliez pas d'écrire vos nom et lieu de résidence. We also accept letters in English.     
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
MOT POUR MOT
 
 LES X-FILES DE
CLÉMENT GODBOUT
  
  
          Le retour de vacances du président de la Fédération des travailleurs du Québec aura été plutôt brusque cette année. À peine avait-il posé le pied hors de l'avion, qu'il se faisait accrocher par un journaliste de la chaîne de radio CBF AM à propos des récentes annonces de mises a pied et de possibles fermetures d'entreprises dans la province. Clément Godbout y est allé d'un envolée paranoïaque comme on en entend rarement. Pour le syndicaliste, les annonces des 800 emplois supprimés chez Pratt & Whitney, la Dominion Bridge et sa filiale des chantiers maritimes MIL Davie qui battent de l'aile et l'avenir toujours incertain de l'usine de GM à Boisbriand ne seraient pas que le fruit du hasard. Elles feraient partie d'une vaste conspiration fédérale. Ooooohhh!  

          Ainsi, les mauvaises nouvelles qui s'abattent sur la province depuis quelques temps seraient destinées à créer un climat d'incertitude à l'approche des élections:   

          « Ça peut faire partie d'un plan, dire “écoutez”, je sais pas moi... mettre en branle un espèce de... d'incertitude au Québec face aux élections en disant “ben écoutez, il faudrait peut-être que le Québec mette de côté sa question de la souveraineté si on veut relancer l'économie.” »  
   
          « Les avions – l'air, les bateaux – l'eau, l'automobile... c'est tous des paquets fédéraux. Ça c'est des orientations qui sont canadiennes. Alors, un moment donné, je me dis que c'est pas moi ni la FTQ qui a organisé ça. Y'a quelqu'un quelque part qui planifie la patente. »
          Imaginez un « quelqu'un » comme Jean Chrétien ou Paul Martin... ou mieux encore, un Stéphane Dion installé dans une petite pièce sombre du troisième sous-sol du Parlement à Ottawa en train de téléphoner (avec un téléphone conventionnel, question d'éviter les fuites cellulaires) aux dirigeants des cinquante entreprises les plus influentes au Québec pour leur promettre une quelconque aide financière s'ils veulent bien participer à une opération de « déstabilisation » du gouvernement Bouchard.   
   
          Parano le Godbout? C'est ce que nous aurions voulu croire jusqu'à ce que le QL mette la main, par hasard, sur une enveloppe TOP SECRET destinée à la trrrèès grande compagnie canadienne Bombardier. Curieusement, celle-ci ne provenait pas d'Ottawa, mais plutôt de Roswell au Nouveau-Mexique. Nous ne pouvons révéler le contenu de cette lettre – de crainte de provoquer un important vent de panique à l'échelle planétaire –, mais ce que nous pouvons dire par contre, à M. Godbout et à tous nos privilégiés lecteurs, c'est que c'est encore plus gros que ce que vous imaginez...  
  
  
 
 
  
  


 
 
 
COURRIER DES LECTEURS
 
 
VIVE LA GAUCHE !
 
 
          Non, je ne souhaite pas recevoir votre gros journal jaune plein de niaiseries droitistes (le mot est faible, extrême droitistes). Oui, je suis de la gauche et je crois en un État fort et en une certaine utopie marxiste modifiée. 
  
          J'observe ce que le système que vous prônez fait: crise économique de 1929, chômage, armement, exploitation des trois quarts de la planète, etc... Vous avez jamais pensé que le capitalisme appliqué jusqu'au bout mènerait toute la terre à sa perte écologique, donc totale? Vous feriez mieux d'investir dans l'exploration spatiale. 
  
          Cessez de penser que les chômeurs sont des lâches, c'est penser au premier niveau. Ce n'est pas en augmentant le nombre de policiers ou en portant des armes qu'on règlera le problème de la criminalité. 
  
          Votre banque mondiale est responsable des coupures dans le système de santé québécois. Je crois dans les solutions que les jeunes apportent au gouvernement et j'en suis solidaire. 
  
          Vive la gauche! 
          Vive l'égalité! 
  
          Un gauchiste convaincu, 
  
Jean-Guy Côté
jeanguy_cote@hotmail.com
  
 
 


 
 
 
 
SÉCESSION SANS SCISSION
  
  
Monsieur Masse, 
  
          La Cour Suprême a donné un avis, ce n'est pas un jugement. Et en lisant votre éditorial (QL, no 19), j'ai vu que vos points ne donnent pas de place à la modération. Vous aussi vous insistez sur le mot « sécession » en sachant très bien que c'est un mot à connotation négative. C'est ça que je déplore dans vos écrits, vous les libertariens! C'est miné de petits commentaires qui dénotent vraiment une haine, ou une peur?, des souverainistes. 
  
          Ceci est mon commentaire personnel. Mais je vois les discours des fédéralistes qui sont remplis des mêmes genres d'attaques biaisées. On diraient qu'ils essaient de faire rentrer dans la tête du monde qu'on s'en va vers une guerre de sécession. Je suis d'accord pour que les gouvernements soient moins interventionnistes car moi-même j'ai une entreprise et je fais face à une concurrence directe avec un organisme subventionné à tour de bras, mais je ne suis pas pour des discours qui à mon avis ne servent qu'a démolir le Parti québécois. Qui a élu ce parti? Pourquoi l'avons-nous élu? Pas pour la sécession mais pour la souveraineté d'un pays. 
  
François Forget
LeFrank@intlaurentides.qc.ca
  
  
  
RÉPONSE DE MARTIN MASSE : 
  
  
Cher Monsieur Forget, 

          Vous ne devriez pas conclure que ce que j'écris sur la « question nationale » représente ce que 
pensent tous les libertariens. Il n'y a pas de lien nécessaire entre être libertarien et être contre 
l'indépendance du Québec, même si je crois que le maintien du Québec au sein du Canada est l'option 
la plus favorable – ou en tout cas la moins dommageable – pour l'avenir de la liberté dans notre coin 
du monde (voir à ce sujet l'article Pour la liberté avec un NON,  publié avant le dernier référendum 
dans Le Devoir). En fait, j'ai été moi-même – comme je l'explique à la fin de l'édito – séparatiste 
jusqu'à récemment, et je connais des libertariens qui le sont toujours. 
  
          Le mot sécession est le terme politique correct pour parler de la séparation d'un territoire. 
On ne parle justement pas de la Guerre de la souveraineté aux États-Unis, mais bien de la Guerre 
de sécession. Les séparatistes jouent sur les mots depuis suffisamment longtemps avec leur 
souveraineté-association, souveraineté-partenariat, et le reste. Disons les choses comme elles sont 
au lieu de se cacher derrière des termes neutres et gentils et des questions référendaires 
incompréhensibles pour endormir les gens. Je connais moi aussi tous les petits trucs pour donner 
l'impression que la séparation du Québec se fera dans la joie et l'allégresse et que tout le monde 
sera fier par la suite du beau pays qu'on se sera donné. Je ne crois malheureusement plus à ces 
balivernes. 
  
M. M. 
 
 
 



 
 
 
 
L'IMPORTANCE DE L'ÉTAT
 
Bonjour, 

          Je viens de consulter sommairement votre site et il m'apparaît intéressant dans la mesure où vous offrez une alternative qui est établie de façon cohérente dans vos articles. On peut vous reprocher cependant votre critique peu objective des nationalistes ou ceux que vous appelez « alarmistes ». 
  
          Par définition, je suis libéral dans la mesure où je crois que les valeurs suprêmes sont la liberté et la justice. Le libéralisme classique adhère à ces principes. Cependant, ce libéralisme, se basant sur l'initative individuelle, ne conçoit pas l'égalité des chances, mais seulement l'égalité devant la loi. Par conséquent, l'État, malgré des échecs, doit favoriser cette liberté des opportunités. Si on se rapporte au début du siècle au Québec, l'État libéral québécois a peut-être enrichi le Québec avec son laissez-faire économique, mais n'a pas nécessairement enrichi les Québécois (les francophones notamment). 
  
          En somme, certains naissent avec moins de ressources que d'autres, ce qui est injuste et constitue une forme de coercition, bannie par le libéralisme classique. C'est pourquoi est né le libéralisme réformiste ou progressisme. Le libéralisme classique, et c'est prouvé par l'histoire, ne crée qu'un fossé de plus en plus grand entre les riches et les pauvres. Cependant, cela ne doit pas absoudre les échecs étatiques. Son rôle est important, surtout en période de récession. Comme la crise de 1929 l'a démontré, le marché ne peut automatiquement s'auto-réglementer. D'ailleurs, en période de récession, la diminution des ressources financières dans l'économie doit être compensé par l'intervention étatique. En pleine période d'essor économique, il peut aussi s'effacer davantage car le capital est à nouveau disponible en grande quantité. 
  
          Finalement, votre plaidoyer en faveur de la mondialisation est intéressant. En principe, je suis d'accord avec ce phénomène, surtout en raison de notre dépendance pour les exportations que nous faisons. Le libre-échange est en ce sens tout à fait souhaitable. Cependant, les conséquences culturelles et politiques peuvent être dommageables si ce phénomène n'est pas contrôlé car il recréera des conditions d'inéquité (qui constituent de la coercition, ne l'oublions pas). En fait, les institutions politiques et la démocratie ne doit pas être « avalée » par les multinationales et les spéculateurs qui peuvent faire tomber les gouvernements. L'importante spéculation récente sur les marchés boursiers est un exemple. De plus, les attaques d'uniformisation culturelle de la part des Américains créé de nombreux remous dans plusieurs pays. L'indépendance culturelle demeure un nerf très sensible. Personnellement, je suis en faveur d'une multiplication des échanges culturels entre pays, mais ceux-ci ne doient pas être unidirectionnels et à la faveur d'un seul pays, le voisin américain. 
  
          Enfin, une question: quelles sont vos propositions quant à la gestion du système de santé et de l'éducation? Le secteur privé mur à mur? 

Jérôme Ouellet
Étudiant en histoire, Université Laval
jouellet@microtec.net
  
  
 
RÉPONSE DE MARTIN MASSE : 
 
 
Cher Monsieur Ouellet, 
 
          Je trouve étrange que vous vous prétendiez libéral et partisan de la liberté, alors que vous 
reprenez tous les mythes et clichés que les socialistes ont inventés au cours des dernières décennies 
pour justifier des États qui bouffent la moitié de la richesse produite par les citoyens. De toute 
évidence, le genre de liberté que vous privilégiez est seulement celui que la petite élite qui nous 
gouverne juge approprié et veut bien nous accorder. En diluant le mot « libéral » de cette façon, on 
finit par en faire de la bouillie pour les chats – c'est pour cette raison que nous préférons nous 
qualifier de libertarien. 
  
          Votre interprétation des concepts libéraux me laisse par ailleurs perplexe. Un libre-échange 
« contrôlé » n'est pas un libre-échange, c'est un arrangement arbitraire et instable qui dépend du 
bon vouloir des bureaucrates. Ce ne sont pas les pays qui ont des échanges culturels, mais les 
personnes, lorsqu'elles peuvent consommer ce qu'elles désirent librement. L'idée que les Américains 
puissent procéder à des « attaques d'uniformisation culturelle » est complètement farfelue dans ce 
contexte. La seule façon de modifier les échanges « unidirectionnels » entre les États-Unis et le 
Québec ou d'autres pays est de forcer les gens à consommer ce que des bureaucrates croient 
qu'il est préférable qu'ils consomment. 
  
          Il serait trop long de répondre ici à toutes vos objections – le QL offre des bouts de réponse 
à chaque numéro. Mais pour ce qui est de la Crise de 1929, vous avez, tout historien que vous êtes, 
choisi de privilégier une seule interprétation, celle popularisée par l'économiste socialiste John K. 
Galbraith. Notre chroniqueur Pierre Desrochers consacrera sa chronique à donner le point de vue 
libertarien sur cette crise dans le prochain numéro. 
  
M. M. 
 
 
 
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