| Montréal, 4 déc. - 17 déc. 1999 |
Numéro
51
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| Tous coupables
Et c'est bien de notre faute, nous qui demandons à l'État de prendre soin de nos enfants, de nos vies que l'on dit sans cesse menacées par la vitesse, le stress, la consommation, le sexe, de nos biens, de nos vieillards, tout ça pour prolonger nos LIBERTÉS que nous croyons encore avoir! Bien fait. Depuis le temps que nous avons renoncé à faire nos choix nous-mêmes au risque de nous tromper et de faire quelques accidents. Depuis le temps que nous ne voulons plus entendre parler de nos responsabilités et de leurs conséquences pour, au lieu, profiter au plus sacrant des biens de consommation et des satanés plaisirs tous plus dangereux les uns que les autres.
Nous ne voulons plus ÉVOLUER dans la vie, avec la vie. Commencer par être jeune et dépendant, puis adulte et évolutif. Non, non. Ça urge d'être riche, d'avoir notre gros char, la grosse bière, la vie sexuelle et tous ses plaisirs, la grosse barraque, les voyages... et les gros comptes. Avons-nous, après tout, le temps de penser, de réfléchir, d'être attentifs aux autres? Pas grave. L'État y voit, protège ses citoyens (sutout ses plus jeunes) qui lui paieront son système de surveillance de TOUS LES INSTANTS. C'est irréversible. J'en suis venue à croire que les citoyens ont besoin de ces balises réglementaires pour n'avoir qu'à s'y conformer dans leurs agissements et pour ne plus avoir à penser à comment ils devraient se comporter. Ils ne sentent même plus les lois comme des irritants. Voilà, c'est triste à mourir. L'État prend possession de nos libertés si subtilement et c'est la société qui lui dicte ses stratégies pour le faire. (*) Suzanne Champagne oeuvre dans le domaine des communications. >> |
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