Montréal,  18 déc. - 7 jan. 2000
Numéro 52
 
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BONHEUR ET LIBERTÉ
  
 
 MANIFESTE
D'UN HOMME LIBRE
  
 
 par Gilles Plante(*)
 
 
  Je crie haut et fort en faveur de la liberté!
 
Je crois qu'un être humain ne peut réellement s'épanouir
qu'en présence d'une totale et entière liberté.
Je crois que la finalité de l'homme sur terre
est celle de devenir simplement lui-même, libre et heureux,
 et heureux parce que libre.
Il incombe donc à l'homme d'être libre.
 Mais à cet état vient s'en greffer un autre de la plus haute importance:
 celui d'être responsable.
Je ne peux croire qu'en un homme totalement libre et totalement responsable.
Libre et responsable.
 
C'est une tâche sacrée que de tendre vers la plus entière des libertés.
 C'est aussi un devoir sacré que d'en supporter la plus entière responsabilité.
Je suis libre de faire tout ce que je veux
 mais d'aucune manière je ne dois délaisser cette responsabilité première:
 « ne porter atteinte ni à autrui ni à leur bien ».
Je manifeste pour la liberté, mais une liberté adulte, responsable,
 qui tend vers l'harmonie et qui ne brime personne.
 Une liberté qui engendre la liberté autour d'elle car elle ne saurait
 se suffire à elle-même.
Je manifeste pour une liberté concrète, vivante, tolérante, dans chaque homme,
dans chaque individualité sur terre.
 
Je crois que la véritable liberté ne peut naître et s'épanouir que dans l'individualité seule.
Seul l'individu n'a d'existence.
 Tout le reste: peuple, société, masse, n'est que convention de l'esprit, donc abstraction.
 Une masse de gens ne peut être libre, seuls des individus le peuvent.
 Ceux qui professent la liberté du peuple comme idéal
ne veulent qu'assouvir ce besoin intense qu'on retrouve chez l'homme,
 celui d'imposer sa loi, celui d'assouvir son penchant malsain envers le pouvoir
afin d'en retirer tous les bénéfices.
Si tu aimes l'homme, tu le laisses libre, si tu le hais tu lui parles de le libérer!
 
Je manifeste contre tous ceux qui prétendent me libérer,
 contre tous ceux qui veulent me sauver.
 Je ne veux pas de leur aide
 car ils m'empêcheront de développer du courage devant l'adversité,
 de développer de la créativité devant les problèmes de la vie.
 Je ne veux pas de leur aide
 car ils m'empêcheront de découvrir le meilleur de moi-même.
Je crois que si on s'aide soi-même sincèrement,
 la Vie se charge de nous apporter le réel supplément qui nous manque.
 Et ce réel supplément ne peut être fait que d'amour, de respect et de totale liberté.
 
Je crois que la vie ici-bas est complexe, difficile,
 remplie d'embûches et de problèmes.
 Pourtant je la vois aussi pleine d'aventures extraordinaires,
de beautés et de merveilles,
de victoires et d'achèvements indubitables et bénéfiques pour tous.
Je manifeste pour le droit inaliénable d'avoir la liberté de vivre intensément
 ces deux pôles distincts de l'existence.
Je manifeste pour la liberté d'assumer ma misère et mes problèmes,
pour la liberté de faire des erreurs car je sais que c'est la bonne façon d'apprendre.
Je manifeste pour être libre de vivre mes contradictions car je ne suis certain de rien.
Je manifeste pour être libre de douter.
 
 
  
« Je crois que la finalité de l'homme sur terre est celle de devenir simplement lui-même, libre et heureux, et heureux parce que libre. »
 
 
  
Je crois intensément en la liberté, celle qui nous permet de croître
et de nous transfigurer afin de vivre avec compassion,
d'aimer sincèrement cet « autre » qui n'aspire lui aussi
qu'à exprimer toute la grandeur et la beauté qu'il se sent être. Librement.
Je crois en la nécessité de laisser l'autre faire ses expériences et se tromper,
 le laisser libre d'apprendre à sa manière et à son rythme.
Je crois beaucoup en la vertu de celui qui cherche, qui s'aventure,
 qui fait des efforts même s'il n'obtient pas toujours les résultats escomptés.
La seule façon de l'aider est de ne pas lui nuire, de le laisser libre.
Je crois que l'homme libre, vraiment libre, est un homme présent à l'autre,
disponible mais d'un infini respect, d'une infini discrétion.
 N'oublions pas: « il ne faut pas nuire à celui qui a entrepris d'apprendre lucidement
toute la complexité de l'existence ici-bas; et ne serait-ce les tâches les plus humbles…! » 
 
Je manifeste pour la liberté.
Je n'aurai de cesse de l'acclamer haut et fort.
 Car je la sens bafouée par tous ces gens qui veulent imposer leurs diktats sur le monde.
 Et je la sens ignorée aussi par tant d'autres
qui n'en veulent pas car ils se sentiraient condamnés à l'effort.
En effet, quelle responsabilité!!
Je crois que c'est un devoir sacré que d'être heureux.
 C'est un devoir sacré que d'être autonome, de s'occuper de sa santé, mentale et physique.
 C'est un devoir sacré que de faire en sorte de s'épanouir
pour ensuite être vraiment en position d'aider l'autre qui ne cherche que le même but.
Je crois en une liberté qui ne s'arrête pas à soi mais qui ne peut que rendre l'autre
libre.
 
 
  
(*) Gilles Plante est analyste chez Hydro-Québec et demeure à Québec.  >>
 
 
 
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